L'armée congolaise connaît un coup dur avec la mort du général Lucien Bahuma, chef d'état-major de la région troublée du Nord-Kivu, qui a joué un rôle clef dans les récents succès des forces loyalistes dans cette province de l'est du pays.
"Le général Bahuma est mort" en Afrique du Sud "dans la nuit à 0H30 heure de l'Afrique du Sud" (22H30 GMT samedi), a indiqué à l'AFP le ministre congolais de la Défense, Alexandre Luba Ntambo. Le général-major Lucien Bahuma Ambamba a été victime à 57 ans "d'un accident vasculaire alors qu'il assistait à une réunion mixte" d'état-major en Ouganda consacrée à la lutte contre les rebelles ougandais de l'Alliance des forces démocratiques (ADF) présents au Nord-Kivu, a ajouté le ministre.
Il a été évacué vers l'Afrique du Sud où il est mort à l'hôpital "en dépit des efforts pour le ranimer", a encore dit M. Luba Ntambo. Le ministre a salué dans la personne du général défunt "un homme absolument dévoué, un officier vaillant, quelqu'un qui s'était donné corps et âme à sa mission".
Un général de l'état-major du Nord-Kivu assure l'intérim à la tête de la 8e région militaire congolaise depuis le malaise du général, a indiqué M. Luba Ntambo à l'AFP. Il reviendra au président de la République, Joseph Kabila, de nommer son successeur.
Qui était le général Bahuma ?
Natif de l'Ituri, district de la Province-Orientale limitrophe du Nord-Kivu, le général Bahuma était arrivé à la tête de l'état-major militaire du Nord-Kivu en 2012, après une succession de défaites des forces loyalistes face à la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23). Rapidement, il réorganise le commandement et les troupes afin de s'assurer de la loyauté des soldats envoyés au front.
Avec le soutien du nouveau chef d'état-major de l'armée de terre, le général François Olenga, il veille à ce que la logistique suive et que les soldes soient payées en temps et en heure. Les résultats se font vite sentir.
Réputées jusque-là pour leur indiscipline, leur mauvaise organisation, leur capacité à fuir les combats et à maltraiter les civils, les Forces armées de la RDC (FARDC) enregistrent en 2013 une série de succès contre le M23 dont elles viennent à bout en novembre de la même année, avec l'aide de la brigade d'intervention de l'ONU, nouvellement créée.
Homme de terrain
Depuis lors, l'armée, qui a gagné les coeurs des habitants de la province, s'est attaquée aux ADF, présents dans le nord du Nord-Kivu, auxquels elle a porté une série de coups durs. Elle a aussi intensifié ses offensives contre plusieurs milices congolaises de la province.
Affable et svelte, le général Bahuma sillonnait la province pour venir soutenir ses hommes et constater lui-même les progrès sur le terrain. Sa mort survient alors que plusieurs médias congolais s'inquiètent d'une éventuelle réorganisation du M23 à partir de l'Ouganda et du Rwanda, voire au Nord-Kivu.
Elle intervient huit mois après le meurtre du colonel Mamadou Ndala, officier emblématique de la nouvelle armée congolaise. Fait général à titre posthume, ce chef du 42e bataillon commando de l'Unité de réponse rapide (URR) congolaise avait été tué le 2 janvier par un tir de roquette ayant visé son véhicule alors qu'il circulait dans le nord du Nord-Kivu.
Très populaire, il était auréolé de nombreuses victoires contre le M23. Samedi soir, la rumeur courait à Goma, la capitale du Nord-Kivu, que le général Bahuma avait été empoisonné.
(AFP) 01092014 Jeuneafrique
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