Qui est vraiment Abubakar Shekau, chef de la secte nigériane Boko Haram ? "Jeune Afrique" dresse le portrait de l'un des jihadistes les plus recherchés d'Afrique.
Que veut-il dire au juste ? Se place-t-il sous l’autorité d’Abou Bakr al-Baghdadi, le maître de l’Etat islamique qui, dans la fureur syro-irakienne, s’est auto-proclamé calife au premier jour du mois de ramadan ? Ou bien tout au contraire veut-il signifier au monde qu’un deuxième califat a vu le jour plus au sud et plus à l’ouest, en-deçà du Sahara. Dans une nouvelle vidéo diffusée le 24 août, Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, est plus sibyllin que jamais. "Nous sommes dans le califat islamique. Nous n’avons rien à faire avec le Nigéria", clame-t-il en arabe, probablement depuis la ville de Gwoza, 200 000 habitants, que ses hommes viennent de conquérir.
Le doute est permis avec ce sanguinaire chef de meute que les Nigérians ont appris à craindre ces cinq dernières années, mais qui ne s’est révélé au reste du monde que le 5 mai dernier, lorsqu’il a revendiqué, toujours à l’aide d’une vidéo et avec une morgue inimaginable, l’enlèvement à Chibok de plus de 200 lycéennes ("J’ai enlevé vos filles, je vais les vendre au marché, au nom d’Allah").
Un chef qui n'a "ni le charisme, ni l’art oratoire"
De Shekau, même les meilleures sources ne connaissent pas grand-chose. Il n’a, selon un homme qui l’a côtoyé et dont le témoignage est cité dans des rapports officiels américains, "ni le charisme, ni l’art oratoire, ni l’éducation religieuse" de Mohamed Yusuf, le fondateur de la secte. Mais il a le feu en lui et "n’a peur de rien". Il le démontre depuis qu’il a pris la succession de son guide en 2009.
Sa fureur semble n’avoir aucune limite. En évoquant le califat le 24 août, Shekau a officialisé ce que les services de renseignement de la région avaient observé ces dernières semaines : fini la guérilla menée depuis la forêt de Sambisa. Boko Haram est entré dans une phase de conquête territoriale. Aujourd’hui, ses hommes contrôlent une bonne partie de la zone frontalière avec le Cameroun et multiplient les incursions dans les pays voisins. "D’un problème local, c’est devenu une menace nationale et régionale", explique un officiel nigérian. 01092014 Jeuneafrique
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