Lundi 1er septembre, la Chambre du conseil de RDC a placé Mike Mukebayi en détention préventive.
L’éditeur du journal Congo News est poursuivi pour diffamation. Auparavant, ministre de la Communication de RDC et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, avait interdit de parution ce même journal avec 60 autres médias qui n’avaient pas d’autorisation de diffusion.
Mike Mukebayi restera quinze jours supplémentaires au moins à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Ainsi en a décidé, ce lundi 1er septembre, la Chambre du conseil de RDC qui a placé l’éditeur du journal Congo News en détention préventive. Arrêté le 21 août, ce dernier est poursuivi pour "imputation dommageable" (l’équivalent de la diffamation) après la publication, le 18 juillet dernier, d’un article intitulé "Honte et opprobre à un cardinal vendu". Il risque au maximum un an de prison ou une amende de 250 dollars environ.
L’article qui fait polémique visait directement Laurent Monsengwo Pasinya. Selon Congo News, le cardinal de Kinshasa se serait "fait graisser la patte par le régime" pour se taire et aurait "passé un deal avec Joseph Kabila". Objectif, toujours d’après ce même journal, que "l’ami" du cardinal, Léon Kengo wa Dondo, actuel président du sénat, conserve toutes ses chances comme Premier ministre dans le futur gouvernement d’union nationale.
Le 25 août, dans un communiqué, l’Archidiocèse de Kinshasa parle "de mensonges et de confusions" et nie toute implication. Un des avocats de l’éditeur de Congo News, Me Papy Mbaki dénonce, lui, des irrégularités dans la procédure : "Notre client a été arrêté sur base d’un mandat d’amener émis contre le directeur de publication, pas contre lui-même. Par ailleurs, le parquet n’a pas identifié le plaignant Richard Vianney." Mike Mukebayi et ses défenseurs estiment que derrière ce nom se cacheraient le cardinal et son petit frère, le sénateur François Kaniki. Celui-ci a en effet annoncé son intention de saisir la justice pour "dénonciation calomnieuse et injure publique".
Hasard du calendrier ?
Presque au même moment, le 21 août, Congo News a été interdit de parution avec 60 autres médias pour ne pas avoir d’autorisation de diffusion. Hasard du calendrier ou acharnement ? La question fait rire Lambert Mende, ministre de la Communication de RDC et porte-parole du gouvernement, auteur de l’arrêté en question : "Congo News existe depuis dix ans et n’a jamais accompli les formalités administratives légales ! Ces deux affaires sont totalement différentes. En ce qui concerne la liste des médias interdits de parution, nous la publions maintenant que nous avons mené des enquêtes approfondies pendant un an".
Certains médias ciblés dans cette liste estiment y figurer parce qu’ils sont étiquetés comme étant de l’opposition. "Faux !", rétorque le ministre Mende. Journaliste, coordinateur de l’agence de presse Pax infos, Raoul Biletshi semble renvoyer les deux parties dos à dos : "Les débats autour de la révision constitutionnelle divisent opposition et majorité par médias interposés. Il n’est donc pas exclu que le pouvoir soit tenté de garder une mainmise sur les médias. Mais, certains journaux existent sur le marché parfois depuis plusieurs années sans autorisation de publication et font peu de cas des règles d’éthique et de déontologie..."
Les médias "distraits" en retard notamment pour payer leurs taxes, ont obtenu du ministère un sursis de 45 jours pour se mettre en règle. Pour les 61 de la liste qui fonctionnaient sans récépissé, les jeux semblent par contre déjà faits, à en croire Lambert Mende : "Nous n’avons aucun recours à leur proposer. Pour l’État, ils n’existent pas, comme pour eux l’État n’a pas existé jusque là ." Ca, c’était avant… 02092014 Jeuneafrique
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