Afrique, Nord : Ă  Oujda, bienvenue chez les Bouteflika !
le 24/09/2014 13:45:11
Afrique, Nord

"Bouteflika était un brillant lycéen, charmeur, toujours bien sapé et politiquement engagé", se rappelle Mohamed, enseignant à la retraite, vieille connaissance de Chakib Khelil, ami d'enfance de Bouteflika et ancien ministre de l'Énergie tombé en disgrâce.

"Ses yeux bleus lui viennent de son père, qui avait le même regard d'acier, se souvient l'ex-ministre Abdelhamid Temmar, autre natif d'Oujda. C'était un intellectuel, le seul d'entre nous à avoir choisi philo. Je me rappelle qu'il n'avait que peu de goût pour le sport. Il se faisait dispenser de gym chaque fois qu'il le pouvait. Seul le foot l'intéressait. C'était un très bon arrière gauche."

C'est au lycée Abdelmoumen d'Oujda, qui a vu défiler la crème de la future élite oujdie, que Bouteflika, à l'époque membre de la cellule de l'Istiqlal, parti nationaliste marocain d'Allal El Fassi, a achevé son cursus scolaire.

À peine le bac français en poche, il a rejoint les rangs du Front de libération nationale (FLN), en mai 1956, au lendemain de l'appel lancé aux étudiants algériens pour monter au maquis. Ami et confident de Boumédiène, il deviendra contrôleur de la wilaya V, avant d'être envoyé au Mali. "À l'époque, il n'était pas rare de voir Bouteflika dans les rues d'Oujda à bord d'une Peugeot 403 noire qui appartenait au FLN", confie encore Ahmed Belal. Devenu ministre à l'indépendance, l'homme a dû attendre son départ des affaires, en 1978, après la mort de Boumédiène, pour revenir dans sa ville natale, où il fit quelques séjours discrets pour se ressourcer. Et retrouver la maison où il avait grandi.

On les appelait le "clan d'Oujda"

"C'est dans cette chambre que les officiers algériens avaient installé le matériel d'écoute et de transmission qui avait servi au FLN et à l'ALN durant la guerre d'indépendance", raconte Ahmed Belal, qui nous a aimablement ouvert les portes de sa demeure, située rue Sidi-Boumédiène, dans le quartier Boudir d'Oujda. Outre Abdelhafid Boussouf, père fondateur des services de renseignements, et son adjoint Houari Boumédiène, chef d'état-major de l'armée des frontières, notre hôte se souvient d'avoir vu défiler chez lui le colonel Lotfi, Larbi Ben M'hidi et Bouteflika.

Ahmed Belal ne voit pas d'inconvénient à ce que les Algériens récupèrent cette maison pour en faire un musée dédié à ce pan de l'histoire de la révolution. "Aucun responsable n'en a fait la demande", se désole ce retraité de la fonction publique qui continue de se rendre régulièrement en Algérie pour des soins ou pour percevoir sa pension. Des six membres de ce qu'on a appelé "le clan d'Oujda" - Boussouf, Boumédiène, Kaïd Ahmed, Chérif Belkacem, Ahmed Medeghri et Bouteflika -, ce dernier est le seul survivant. Les autres lieux qui leur servirent de base arrière sont aujourd'hui habités par des Oujdis ou ont été récupérés par les autorités marocaines, comme le camp Ben-M'hidi, siège du commandement de l'état-major de l'ALN, devenu une caserne.
24092014
Jeuneafrique

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