L'audience de confirmation des charges retenues contre Charles Blé Goudé devant la CPI a débuté lundi à la Haye. Elle doit se poursuivre jusqu'à jeudi.
C'est un Charles Blé Goudé attentif qui a assisté lundi 29 septembre à la première journée de l'audience de confirmation des charges retenues contre lui devant la Cour pénale internationale (CPI). Le crâne soigneusement rasé, portant des lunettes aux montures noires et un costume sombre, ce proche de l'ex-président Laurent Gbagbo âgé de 42 ans a régulièrement pris des notes.
À l'issue de l'audience de confirmation des charges, qui dure jusqu'à jeudi, les juges doivent décider si le dossier de l'accusation est assez solide pour justifier un procès. Une décision doit être rendue dans les 60 jours.
Surnommé le "général de la rue" pour sa capacité à mobiliser les foules, Blé Goudé doit répondre de quatre chefs de crimes contre l'humanité liés à cinq événements "représentatifs", selon l'accusation, de ses crimes, dont la répression sanglante de manifestations pro-Ouattara ou le bombardement à l'arme lourde d'un quartier densément peuplé d'Abidjan, Yopougon.
L'accusation le tient pour responsable d'au moins 184 meurtres, 38 viols, 126 actes inhumains et 348 persécutions. L'ex-chef des "jeunes patriotes", un mouvement pro-Gbagbo, "est responsable de certains des pires crimes" commis après l'élection présidentielle de novembre 2010, a soutenu le procureur Fatou Bensouda lors d'une audience dite de confirmation des charges.
Plus de 3 000 personnes avaient été tuées en Côte d'Ivoire dans les cinq mois qui ont suivi l'élection présidentielle de novembre 2010.
Dans la galerie du public, les propos de Fatou Bensouda ont été accueillis par des soupirs et rires sarcastiques d'une dizaine de partisans de M. Blé Goudé. À l'extérieur de la CPI, une quarantaine de partisans de Laurent Gbagbo et Blé Goudé s'étaient rassemblés pour réclamer la libération des deux hommes.
"Par son charisme et ses talents d'orateur, il a galvanisé des milliers de jeunes", a soutenu Eric MacDonald, représentant le bureau du procureur. Ces jeunes étaient armés, formés et intégrés à la chaîne de commandement des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS), fidèles à Laurent Gbagbo, selon l'accusation.
"Il y a une grande différence entre un activisme public légitime et une conduite criminelle", a soutenu son avocat Nick Kaufman. Les discours enflammés de M. Blé Goudé "peuvent heurter la sensibilité européenne", mais ne signifient pas qu'il a appelé à la violence.
La défense a en outre soutenu lundi que les faits reprochés n'étaient pas assez "graves" pour justifier des poursuites de la part de la CPI, créée en 2002 pour poursuivre les plus hauts responsables de crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide.
"Avec le plus grand respect pour les victimes dans cette affaires et leurs souffrances individuelles, la défense soutient que le nombre de victimes attribuées au suspect ne dépassent pas le seuil de gravité requis", a soutenu la défense dans une requête déposée lundi, demandant l'abandon des poursuites.
Laurent Gbagbo est en détention à La Haye et sera jugé par la CPI tandis que son épouse Simone, réclamée par la CPI, est détenue en Côte d'Ivoire. Mais aucun membre du camp Ouattara n'a encore été inquiété par la CPI.
Fatou Bensouda s'est pourtant voulu rassurante : "Notre enquête dans ce pays n'est pas terminée, cela prend du temps". "La justice sera rendue, des deux côtés". 30092014 Jeuneafrique
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