Nigeria : un accord avec Boko Haram pour un cessez-le-feu et la libération des lycéennes
le 18/10/2014 11:40:06
Nigeria

L'armée et la présidence nigérianes ont déclaré vendredi avoir conclu un accord avec le groupe islamiste armé Boko Haram prévoyant un cessez-le-feu et la libération de plus de 200 lycéennes enlevées mi-avril.

"Un accord de cessez-le-feu a été conclu entre le gouvernement fédéral du Nigeria et Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'awati wal-Jihad (groupe pour la prédication et le jihad, plus connu sous le nom de Boko Haram)," a déclaré le chef d'état-major de l'armée nigériane Alex Badeh.

"J'ai donné des directives aux chefs des différents corps de l'armée afin que l'on s'assure que ces récents développements soient appliqués sur le terrain" a-t-il ajouté.

En parallèle, le premier secrétaire de la présidence, Hassan Tukur, a affirmé à l'AFP qu'un accord avait été conclu avec le groupe islamiste mettant fin aux violences et prévoyant la libération de 219 jeunes filles toujours portées disparues.

Certains ont cependant émis des doutes quant à un tel accord, survenant juste au moment où le président nigérian Goodluck Jonathan est censé annoncer sa candidature à sa propre succession, en février prochain, et où les questions de sécurité sont au coeur du débat politique.

D'autant que le gouvernement et l'armée nigérians ont déjà annoncé à plusieurs reprises la fin de l'insurrection armée qui a fait plus de 10. 000 morts dans le pays ces cinq dernières années, et la libération imminente des lycéennes, sans que ces déclarations ne soient suivies d'effets.

Une zone d'ombre plane notamment sur Danladi Ahmadu, celui que M. Tukur présente comme son interlocuteur au sein de Boko Haram, inconnu de tous.

"Je n'ai jamais entendu parler de ce Monsieur, et si Boko Haram voulait déclarer un cessez-le-feu, cela viendrait de leur chef, Abubakar Shekau" a estimé Shehu Sani, un spécialiste de Boko Haram qui a négocié à plusieurs reprises avec le groupe islamiste aux côtés du gouvernement nigérian.

Ralph Bello-Fadile, un proche collaborateur du conseiller nigérian pour la sécurité national (NSA) avait déclaré lundi en conférence de presse que le NSA croulait sous les sollicitations d'escrocs se faisant passer pour Shekau.

"Le gouvernement cherche à négocier" a-t-il déclaré lors d'une conférence de l'organisation Chatham House à Abuja, "mais jusqu'à présent aucun (réel) représentant de Skekau ne s'est présenté".

- Pourparlers au Tchad -

M. Tukur affirme avoir représenté le gouvernement nigérian lors de deux rencontres avec les insurgés islamistes au Tchad, sous la médiation du président tchadien Idriss Deby.

"Boko Haram a déclaré un cessez-le-feu, à la suite des discussions que nous avons menées avec eux" a déclaré M. Tukur, précisant que l'annonce a été faite "hier soir", jeudi.

"Ils ont accepté de libérer les jeunes filles de Chibok", a-t-il ajouté, faisant référence aux 219 adolescentes toujours portées disparues depuis leur enlèvement le 14 avril dernier dans leur lycée de Chibok, dans le nord-est du Nigeria.

M. Jonathan s'est rendu au Tchad le mois dernier pour s'entretenir avec M. Deby.

Ndjamena a refusé de commenter la tenue de pourparlers sur son sol, mais une source sécuritaire tchadienne à affirmé à l'AFP avoir été impliquée dans de telles discussions.

Selon cette source, il a bien été question d'un accord de cessez-le-feu ainsi que de la libération de 27 otages, dont 10 Chinois, enlevés dans le nord du Cameroun plus tôt cette année.

La libération de ces otages, survenue au cours du week-end, est "un premier signal fort" de la bonne volonté de Boko Haram, a ajouté cette source.

Danladi Ahmadu a donné une interview au service en haoussa de la Voix de l'Amérique, vendredi matin, dans laquelle il s'est présenté comme "chef de la sécurité" du groupe islamiste, en charge de la communication.

Il n'a pas parlé de cessez-le-feu et il a été très vague sur le contenu des pourparlers avec les autorités nigérianes. Il a même prétendu ne jamais avoir rencontré Shekau.

Dans une série de messages vidéo publiés depuis 2012, Shekau a toujours nié la tenue de pourparlers avec le gouvernement et il a toujours affirmé que le nord du Nigeria, majoritairement musulman, ne vivrait en paix que le jour où la charia (loi islamique) y serait strictement appliquée.
18102014
Jeuneafrique

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