Le troisième parti politique du Burkina Faso a annoncé samedi qu'il voterait la semaine prochaine le projet de loi controversé visant à modifier la Constitution pour permettre au président Blaise Compaoré d'être candidat en 2015.
Le ralliement des voix de l'Alliance pour la démocratie et le progrès/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) à celles de la majorité permettrait de modifier la Constitution sans passer par un référendum.
"Au nom de la paix et de la démocratie, le secrétariat exécutif national (...) a décidé, à l'unanimité, d'appeler les députés du groupe parlementaire ADF/RDA à soutenir le compromis trouvé au sein de la majorité", a déclaré Gilbert Noël Ouédraogo, le président du parti, après une réunion du bureau politique.
L'Assemblée nationale examinera le jeudi 30 octobre un projet de loi gouvernemental très controversé, visant à réviser l'article 37 de la Constitution, pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir en 1987 par un coup d'Etat, achèvera en 2015 son deuxième quinquennat (2005-2015) après avoir effectué deux septennats (1992-2005). Si le projet de loi est adopté à la majorité qualifiée, soit par au moins 96 députés sur 127, le texte entrera directement en vigueur. S'il passe à la majorité simple (entre 64 et 95 parlementaires), un référendum sera convoqué.
"L'article 37 sera modifié"
Entre les 70 députés du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, parti présidentiel), les dix parlementaires du groupe CFR (Convention des forces républicaines, majorité) et les 18 de l'ADF/RDA, les tenants de la révision constitutionnelle devraient donc l'emporter par 98 voix, s'ils font le plein.
"Avec ce ralliement, c'est plié, l'article 37 sera modifié par le Parlement. Le projet du gouvernement sera adopté haut la main. On n'aura plus besoin de faire un référendum", a réagi le juriste Abdoul Karim Sango, un proche de l'opposition membre de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). L'ADF/RDA a "certainement marchandé" son vote par "des portefeuilles ministériels et des espèces sonnantes et trébuchantes", a-t-il accusé.
La volonté de M. Compaoré de se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne suscite l'hostilité de l'opposition, d'une grande partie de la société civile et de nombreux jeunes de ce pays où plus de 60% des 17 millions d'habitants ont moins de 25 ans. L'opposition a appelé le peuple à bloquer le Parlement jeudi, pour empêcher le vote du projet de loi.
(AFP) 26102014 Jeuneafrique
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