Burkina Faso : l'opposition se mobilise contre le projet de révision constitutionnelle
le 28/10/2014 16:52:57
Burkina Faso

Image redimensionnéeUne grande manifestation nationale de l'opposition a commencé mardi matin au Burkina pour dénoncer une prochaine révision constitutionnelle, donnant lieu à des échauffourées.

La modification de l'article 37 de la Loi fondamentale permettrait le maintien au pouvoir du président Blaise Compaoré.L'atmosphère est tendue au Burkina. Les échauffourées entre manifestants burkinabè opposés à la révision constitutionnelle et forces de l'ordre se poursuivaient mardi 28 octobre au matin à Ouagadougou.

Dans la nuit de lundi à mardi, la gendarmerie a chargé un groupe de quelques dizaines jeunes qui avaient dressé durant plusieurs heures des barricades sur la principale route du pays, la nationale 1, qui relie Ouagadougou à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays et porte vers la Côte d'Ivoire et le Mali voisins.

Des gaz lacrymogènes ont été lancés sur les manifestants, qui ont répondu par des jets de pierres sur les forces de l'ordre. Le régiment de sécurité présidentiel, la force d'élite de l'armée de l'armée burkinabè, présente sur les lieux, n'est pas intervenue. La gendarmerie a indiqué n'avoir procédé à aucune interpellation et ne déplorer aucun blessé.

"Un coup d'État constitutionnel"

L'opposition a appelé à manifester, mardi, contre ce qu'elle appelle un "coup d'État constitutionnel" à venir du président Blaise Compaoré. L'Assemblée nationale examinera jeudi un projet de loi gouvernemental très controversé, visant à réviser l'article 37 de la Loi fondamentale pour faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels. Un changement qui permettrait à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 27 ans et qui devait achever en 2015 son dernier mandat, de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle.

Avec le ralliement samedi de la troisième force politique à l'Assemblée, la majorité pourrait en outre disposer du nombre de députés nécessaire - trois quarts de l'hémicycle, soit 96 parlementaires sur 127 - pour entériner directement la loi, sans passer par un référendum comme annoncé initialement. Un tel projet suscite l'hostilité de l'opposition, d'une grande partie de la société civile et de nombreux jeunes de ce pays, où plus de 60 % des 17 millions d'habitants ont moins de 25 ans et n'ont jamais connu d'autre dirigeant.

Un nouveau cap franchi par les contestataires

Si la modification de l'article 37 est sur toutes les lèvres depuis des mois, l'annonce du projet de loi le 21 octobre a fait franchir un cap aux contestataires. Après des manifestations relativement pacifiques la semaine dernière à Ouagadougou, des groupes de "50 à 300" individus "agressent" depuis dimanche des députés de la majorité devant leurs domiciles, les accusant d'être "corrompus", "traîtres à la nation" ou encore "ignares" et "exigeant" d'eux qu'ils ne votent pas la révision constitutionnelle, s'est alarmé lundi soir Assimi Kouanda, le chef de file de la majorité parlementaire.

Opposition et société civile, qui appelaient à la "désobéissance civile", lancent désormais des "ultimatums" et des "mises en garde" au pouvoir, appelant à la "démission" du chef de l'État, accusé de velléités de "pouvoir à vie". Signe que le gouvernement prend au sérieux ces menaces, écoles et universités ont été fermées toute la semaine par crainte de débordements.

(Avec AFP)
28102014
Jeuneafrique

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