Après l'Italie, la France accueille mercredi Abdel Fattah al-Sissi pour une visite de deux jours à Paris. Malgré son lourd bilan en matière de droits de l'homme, le président égyptien demeure un acteur régional incontournable.
Pour sa première tournée en Europe depuis sa prise de pouvoir en juillet 2013, Abdel Fattah al-Sissi arrive, le 26 novembre, à Paris pour une visite officielle de 48 heures après une étape en Italie où il a été reçu notamment par le pape François au Vatican.
Malgré l'implacable répression envers les partisans de son prédécesseur islamiste, Mohamed Morsi - plus de 1 400 morts et 15 000 personnes emprisonnées - et l'autoritarisme de son régime, le président égyptien, en quête de légitimité internationale, reste "un partenaire stratégique" incontournable, comme l'a souligné Rome. Il est à la tête d'"un grand pays et grand partenaire de la France", selon Paris.
"Sissi est légitime"
"Oui, on considère que Sissi est légitime. Pour autant, il y a beaucoup à dire. Nous sommes conscients des tensions, les journalistes emprisonnés, la répression qui s'exerce bien au-delà de la lutte antiterroriste", souligne une source à l'Élysée, assurant que ces questions seront évoquées lors de l'entretien prévu en milieu de journée avec le président François Hollande.
Mais la politique intérieure de l'Égypte, engagée dans l'éradication de la confrérie des Frères musulmans classée "organisation terroriste", ne constituera pas le cœur des discussions, dominées par les enjeux de sécurité régionale et les questions économiques. La poudrière libyenne et les menaces qu'elle fait peser sur toute la région figurent ainsi au sommet des préoccupations communes des deux pays. Avec des différences d'appréciation cependant sur la façon de sortir de la crise.
"Les Égyptiens considèrent - à juste titre - que nous avons une responsabilité particulière. Ils ont le sentiment de ne pas avoir été entendus en 2011 en alertant sur les dangers d'une intervention occidentale, ils espèrent être entendus aujourd'hui. Ils estiment qu'il faut réintervenir en Libye, mais nous avons des doutes sur le fait que cette crise peut être résolue uniquement par la force", explique une source gouvernementale française.
Sans confirmer cette implication directe de l'Égypte - que Le Caire dément-, Paris, qui reconnaît "un enjeu sécuritaire immédiat" en Libye, met cependant en garde contre des "initiatives extérieures" susceptibles de "compliquer encore la donne".
"On a besoin de se mettre d'accord sur la Libye, où l'on ne peut pas se passer d'une solution politique", souligne la source élyséenne.
Corvettes, Mirages et métro
Les sujets économiques constitueront un autre grand volet des discussions, alors que le Caire veut organiser au premier trimestre 2015 une conférence économique internationale pour relancer son économie exsangue. La délégation égyptienne doit ainsi rencontrer jeudi matin les représentants des patrons français. Mais c'est dans le huis clos des entretiens entre le président Sissi et ses interlocuteurs français que seront discutés les grands dossiers en cours.
Le constructeur naval français DCNS a signé au début de l'été un contrat estimé à 1 milliard d'euros pour fournir quatre corvettes Gowind à la Marine égyptienne. "Ce projet ouvre des portes car il suscite énormément d'intérêt chez les pays du Golfe", se félicite la source gouvernementale française, ajoutant qu'une option sur deux navires supplémentaires devrait être abordée lors des entretiens.
Les discussions sont également en cours sur le renouvellement de la flotte égyptienne d'avions de combat Mirage 2000, précise-t-on.
À l'issue d'un déjeuner entre les deux chefs d'États, François Hollande et Abdel Fattah al-Sissi, des accords pour le métro du Caire et avec l'Agence française de développement seront signés.
(Avec AFP)
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