La Sierra Leone a annoncé mardi avoir ordonné la mise en quarantaine d'un nouveau département pour deux semaines, afin d'enrayer la propagation de l'épidémie dans ce pays où cinq districts sont déjà sous le coup de restrictions de déplacements similaires.
La décision de placer en quarantaine le district de Tonkolili (centre), dont la population est estimée à environ 400. 000 habitants, "a été prise lors d'une réunion de plusieurs acteurs, dont des ministres, des parlementaires et des chefs coutumiers de la région au titre des mesures destinées à enrayer la propagation de la maladie", a affirmé à l'AFP un porte-parole du ministère sierra-léonais de la Santé.
Selon cette source, la mesure devrait être levée le 15 décembre.
Les districts de Port Loko (nord), Bombali (nord) et Moyamba (sud) - totalisant environ 1,2 million d'habitants - sont en quarantaine depuis le 25 septembre, pour une durée non déterminée.
Les deux premiers districts visés par la même mesure sont Kenema et Kailahun, dans l'Est, région épicentre de l'épidémie en Sierra Leone. Leur mise en quarantaine, décrétée en août, demeure en vigueur.
Avec la nouvelle décision, ce sont au total six des 14 districts du pays qui sont concernés par les restrictions de circulation.
La Sierra Leone avait par ailleurs imposé un confinement total de toute la population du pays du 17 au 19 septembre, trois jours durant lesquels plus de 28. 000 volontaires avaient été mobilisés pour une campagne de porte-à -porte géante, selon les autorités, qui ont affirmé que plusieurs dizaines de corps avaient été récupérés à cette occasion, et plus de 200 cas suspects identifiés.
Selon un bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié mardi, la Sierra Leone est, avec 1. 583 morts recensés à fin novembre, le deuxième pays le plus affecté par Ebola, après le Liberia (3. 145 morts) et avant la Guinée (1. 327 décès). L'épidémie a fait au total 6. 070 morts sur 17. 145 cas comptabilisés, pour l'essentiel dans ces trois pays voisins.
Dans la foulée de l'annonce de la nouvelle mesure de quarantaine, le gouvernement sierra-léonais a encore exhorté mardi les populations à arrêter les pratiques funéraires à risque, avec lavage et toucher des dépouilles mortelles, les corps de porteurs du virus étant particulièrement contagieux.
"Nous savons que c'est notre culture, mais abandonnons cela maintenant. (. . . ) Si ça continue, nous serons tous morts dans peu de temps", a lancé le ministre de l'Education, Minkailu Bah, par ailleurs un des responsables du parti au pouvoir pour la zone de Tonkolili.
Il a invité les populations du département à la coopération.
Cette ville chef-lieu de district située à quelque 350 km de Freetown est une importante zone économique pour le pays, avec d'importantes activités agricoles et minière (production de sucre, hévéa, bio-carburant). La zone recèle de grandes réserves de minerai de fer.
D'après des résidents joints par téléphone depuis Freetown, la mesure de quarantaine n'avait pas suscité jusqu'à mardi soir de réactions de désapprobation. Les habitants se préparaient à accueillir sans acrimonie les personnels de santé, et à ouvrir leurs portes notamment à ceux chargés de mener des enquêtes pour remonter la chaîne de contamination et tenter de la circonscrire.
"Je ne suis pas en mesure de dire si des malades ont été découverts jusqu'à maintenant, mais les gens sont enthousiastes à l'idée de se débarrasser du virus une bonne fois pour tous", a dit un des témoins.
|