Des milliers de personnes ont manifesté samedi à Ouagadougou en hommage à Norbert Zongo, un journaliste burkinabè assassiné il y a seize ans, le 13 décembre 1998 sous la présidence de Blaise Compaoré, a constaté l'AFP.
Les manifestants, dont certains portaient des pancartes "Justice pour Zongo" et d'autres étaient vêtus de noir, en signe de deuil, ont marché durant une heure en fin de matinée dans les rues de la capitale du Burkina Faso.
Norbert Zongo a été tué alors qu'il enquêtait sur le meurtre sous la torture de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré. L'affaire incarne les dérives les plus graves du régime du président chassé par la rue le 31 octobre après 27 ans de règne. Aucune condamnation n'avait été prononcée malgré des années de procédure.
Le cortège, parti de la place de la Révolution, l'ancienne place de la Nation rebaptisée après l'insurrection, s'est achevé sur ce lieu symbolique, où a ensuite débuté un meeting. Le Premier ministre intérimaire, le lieutenant-colonel Isaac Zida, et ses ministres de la Sécurité (Intérieur) et de la Justice ont participé aux derniers mètres de la marche.
Quelques heures plus tôt, une centaine de personnes, principalement des responsables associatifs et des membres de la famille de Norbert Zongo, s'étaient recueillies sur sa tombe du cimetière de Goughin, un quartier de Ouagadougou. Ils ont déposé des fleurs sur la tombe de Norbert Zongo ainsi que sur celles de ses trois camarades, dont les dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans sa voiture à Sapouy - à environ 100 km de Ouagadougou.
"Nous allons demander la réouverture du dossier"
"La lutte doit se poursuivre sur le dossier Norbert Zongo", a affirmé Chrysogome Zougmoré, le président du Collectif contre l'impunité, qui a annoncé la transmission d'une requête "dès la semaine prochaine" au procureur du Faso pour qu'il rouvre l'affaire "sur la base de ce que nous pensons être des éléments nouveaux".
Des dizaines de documents ont été retrouvés il y a un mois lors du pillage de la luxueuse demeure de François Compaoré, dont une partie semblait liée au cas Zongo. "Nous avons analysé et expertisé ces documents", dont certains "constituent des éléments probants" indiquant que le frère de l'ex-président "est impliqué d'une manière ou d'une autre dans les crimes de Sapouy", a observé M. Zougmoré. "Nous allons demander la réouverture du dossier", a confirmé Me Bénéwendé Sankara au nom d'un collectif d'avocats.
Après des années d'instruction, le dossier Zongo avait abouti à un non-lieu en 2006, ce que le président intérimaire Michel Kafando a qualifié jeudi d'"injustice notoire" et "flagrante". "On ne peut pas passer ce forfait en pertes et profits", a-t-il lancé.
Directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, Norbert Zongo était connu pour ses positions critiques du pouvoir. Sa mort avait ouvert une longue crise politique et sociale dans le pays.
(AFP)
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