On croyait le contentieux apuré entre l'homme d'affaires Patrice Talon et le président béninois Thomas Boni Yayi depuis que le second avait accordé son pardon au premier, en mai 2014. Il n'en est rien.
Exilé à Paris depuis plus de deux ans, Patrice Talon, l'ancien "roi du coton" continue de se montrer très actif au sein de l'opposition, n'hésitant pas à faire basculer dans son camp des membres éminents de la majorité présidentielle.
Dernière personnalité à être tombée sous son charme : Mathurin Coffi Nago, le président de l'Assemblée nationale, qui, à la mi-2013, avait pourtant affirmé par écrit au chef de l'État que son projet de révision constitutionnelle "répond[ait] parfaitement aux préoccupations de la classe politique béninoise, toutes tendances confondues".
Un très discret entretien entre les deux hommes a eu lieu le 23 octobre au domicile de la députée Claudine Afiavi Prudencio, en région parisienne, ainsi qu'en témoignent des clichés de la rencontre auxquels Jeune Afrique a eu accès. Au palais de la Marina, à Cotonou, on ne s'étonne guère de l'activisme de Talon. "C'est sur la base du simple verbatim d'une lettre d'excuses et de regrets écrite et signée par Talon que le président a pris la décision de le gracier le 14 mai", assure l'un de ses proches, qui ajoute : "Il n'aurait pas dû."
Deux jours plus tard en effet, selon un témoin de la scène, Abdou Diouf, le secrétaire général de l'OIF, qui jouait les médiateurs dans cette affaire, a reçu Boni Yayi dans son bureau parisien pour lui faire lire le message original. Sans pour autant lui en remettre une copie, le signataire s'étant apparemment rétracté. Ce qui permet aux proches de Talon d'affirmer aujourd'hui encore que cette lettre... n'existe pas !
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