Hélicoptère abattu, important terminal pétrolier en feu, attentat à la voiture piégée près du siège provisoire du Parlement: la Libye en proie aux violences et aux luttes de pouvoir risque de basculer dans une guerre totale.
Depuis la chute du régime en octobre 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte de huit mois, le pays est livré aux milices rivales formées d'ex-rebelles sans que les autorités de transition ne parviennent à rétablir l'ordre ou à faire cesser les combats.
La situation est très confuse dans ce pays riche en pétrole, dirigé désormais par deux gouvernements et Parlements rivaux -les uns proches de la puissante coalition des milices "Fajr Libya" et les autres reconnus par la communauté internationale- qui se disputent le pouvoir.
C'est en août que "Fajr Libya", formée notamment de milices islamistes, a pris le contrôle de la capitale libyenne Tripoli et tente depuis d'étendre son influence en cherchant à s'emparer des richesses pétrolières du pays.
Le 13 décembre, elle a lancé un assaut pour prendre le contrôle du terminal d'Al-Sedra défendu farouchement par les forces gouvernementales. Des affrontements sporadiques avaient lieu encore mardi près de la région.
Selon Ali Al-Hassi, porte-parole des gardes protégeant les sites pétroliers de la région du "Croissant pétrolier", "l'armée de l'air a pourchassé et abattu un hélicoptère de Fajr Libya après qu'il a mené un raid le matin près du port d'Al-Sedra".
La région du "Croissant pétrolier" comprend les terminaux d'Al-Sedra, de Ras Lanouf et de Brega, les plus importants de Libye, un pays producteur essentiel en Afrique du Nord.
- Tous les réservoirs à Sedra menacés -
Le 25 décembre, une roquette tirée par les miliciens sur l'un des 19 réservoirs d'Al-Sedra a provoqué un énorme incendie qui s'est rapidement propagé aux autres réservoirs.
Sept des 19 réservoirs ont été totalement détruits depuis et le "déversement du pétrole en feu menace les 12 autres réservoirs", a précisé un responsable à la compagnie libyenne Al-Waha en charge de l'administration du terminal.
Le feu continuait de faire rage sur le site mardi où les pompiers s?employaient à l'éteindre et à installer des barrières autour des réservoirs restés intacts, a-t-il précisé.
Le gouvernement provisoire a fait appel à une compagnie américaine spécialisée pour l'aider à éteindre le feu mais celle-ci ne sera pas opérationnelle avant cinq jours. Il a chiffré le montant de l'accord à six millions de dollars mais n'a pas précisé le nom de la compagnie.
Les 19 réservoirs au port d'Al-Sedra, fermé après le début de l'assaut, contenaient 6,2 millions de pétrole brut.
Selon la compagnie nationale libyenne de pétrole lundi, la production de pétrole est tombée autour de 300. 000 b/j (alors qu'elle atteignait 800. 000 b/j), mais selon des experts à l'étranger, les combats ne devraient pas se traduire par une nouvelle chute de l'offre mondiale à court terme.
- Risque de 'guerre totale' -
A Tobrouk (est), devant l'hôtel où siège momentanément le Parlement élu, une voiture piégée a explosé alors que les députés étaient réunis au rez-de-chaussée, selon le porte-parole de l'assemblée, Faraj Bou Hachem, en faisant état de dégâts légers.
Une autre source parlementaire a affirmé qu'un parlementaire avait été blessé au visage par des débris de verre. Des passants ont été légèrement blessés.
La prise de Tripoli par "Fajr Libya" avait poussé à la fuite le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale qui opèrent depuis à Tobrouk.
Mais "Fajr Libya" a installé dans la capitale un gouvernement parallèle alors que le Congrès général national, l'ex-Parlement dominé par les islamistes, a repris du service sous l'impulsion de cette coalition.
Outre les combats Ă Sedra, des affrontements meurtriers opposent forces pro-gouvernementales et milices islamistes Ă Benghazi et Derna (est).
Et "le sud de la Libye est devenu un +hub+ terroriste" avec la présence de jihadistes, notamment liés à Al-Qaïda, selon le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Dimanche, la mission de l'ONU en Libye (Unsmil), qui cherche à réunir les protagonistes le 5 janvier, a appelé à un arrêt des violences notamment les raids à Sedra, affirmant que l'absence de mesures en vue d'une désescalade aboutirait à "une guerre totale" en Libye.
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