L'Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a adopté samedi soir un projet de loi électorale susceptible d'entraîner le report de la prochaine présidentielle censée avoir lieu en 2016.
Le texte a été adopté peu après 23h30 (22h30 GMT) par 337 députés ayant voté pour le texte, 8 contre, et 24 se sont abstenus.
La plus grande partie des députés d'opposition n'ont pas pris part au vote. Ils avaient annoncé leur intention de boycotter les travaux et dénoncé un "coup d'Etat constitutionnel" destiné à permettre au président Joseph Kabila, à la tête du pays depuis 2001, de rester plus longtemps au pouvoir.
Le projet adopté par les députés lie la tenue des prochaines élections législatives et présidentielle aux résultats du recensement général devant commencer cette année.
Le Sénat doit examiner le texte à compter de lundi en vue de son adoption avant la fin de la session parlementaire extraordinaire, le 26 janvier.
Un collectif formé autour de membres de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), du Mouvement de libération du Congo (MLC) et de l'Union pour la Nation congolaise (UNC), les trois principaux partis de l'opposition, a appelé jeudi les habitants de Kinshasa "à occuper massivement" lundi le Parlement pour faire obstacle au projet de révision de la loi électorale.
Le vote de l'Assemblée était attendu initialement pour samedi ou dimanche, mais la séance plénière de samedi a été convoquée tardivement vendredi soir, jour férié, comme la journée de samedi, qui commémore l'assassinat de Patrice Lumumba, premier Premier ministre du Congo indépendant, le 17 janvier 1961.
Accusant le pouvoir de "souiller la mémoire [de ce] Héros national", les opposants ont publié une déclaration estimant que l'adoption "à la sauvette" de la loi par les députés était "un acte de haute trahison" et le signe de sa "détermination à instaurer une présidence à vie" au Congo.
Joseph Kabila est arrivé à la tête de l?État par succession héréditaire à la mort de son père, Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle ayant pris le pouvoir par les armes. Il a été élu président en 2006 lors des premières élections libres du pays depuis son indépendance de la Belgique en 1960.
Il a été réélu en novembre 2011 pour un nouveau mandat de cinq ans à l'issue d'élections contestées par l'opposition et marquées par des irrégularités massives. La Constitution lui interdit de se représenter.
Le dernier recensement général remonte à 1984. Le gouvernement argue que le nouveau décompte des habitants assurera aux élections un caractère pleinement représentatif, mais l'opposition s'inquiète du temps que cela prendra.
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