Après de longues et complexes tractations avec les partis, Habib Essid, le nouveau chef de l’exécutif tunisien, a bouclé vendredi la composition de son gouvernement qu’il présentera à l’approbation de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avant le 28 janvier.
Habib Essid a mis fin au suspense qui, depuis les élections législatives du 26 octobre dernier, a presque paralysé les administrations du pays. Avec 22 ministères, 2 portefeuilles de ministres délégués et 15 secrétariats d’État, l’équipe gouvernementale annoncée vendredi 23 janvier ne sera pas pléthorique.
Mais de nombreux Tunisiens sont dans l'expectative. "Beaucoup de noms nous sont inconnus", entend-on régulièrement. D'aucuns d'ailleurs s'en félicitent : "S’ils avaient été connus du grand public, ils auraient été actifs soit sous Ben Ali soit sous la troïka".
De fait, les universitaires ont la part belle dans ce gouvernement, mais ce sont surtout les 9 maroquins attribués à des femmes qui suscitent le plus de curiosité. Khedija Cherif, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, ainsi que Latifa Lakhdar, ministre de la Culture, sont précédées par leur réputation de militantes de l’Association des femmes démocrates tandis Selma Elloumi Rekik, chef d’entreprises, obtient le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
Seul survivant de l’équipe gouvernementale sortante, Ammar Younbaï se maintient aux Affaires Sociales pour répondre aux vœux de la puissante centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT). Mais en dehors de l’Union patriotique libre (UPL), 3e parti représenté à l’ARP, qui obtient les portefeuilles du Tourisme et des Sports, aucun parti autre que Nidaa Tounès n’est associé au gouvernement auquel participent en revanche de nombreux indépendants.
Ennahdha et Afek Tounes dans l'opposition
Aussi bien Ennahdha qu’Afek Tounes ont décliné les propositions faute de "débats de fonds sur le programme du gouvernement et les partenaires qui vont le porter", explique un dirigeant d’Afek. Les critiques fusent en particulier concernant le choix du ministre de l’Intérieur, Nejem Gharsalli, magistrat et beau frère de Lotfi Ben Jeddou, son prédécesseur, ainsi que celui de Farhat Horchani à la Défense, lequel s’était plutôt illustré jusque là en tant que spécialiste de droit économique.
Dans une période de grande fragilité économique, d’autres s’étonnent de l’opportunité d'avoir nommé Lasâad Zarrouk, spécialiste des assurances et des caisses sociales, à l’Économie et aux Finances. En revanche, les partis de l'opposition s’accordent sur le choix du juriste et secrétaire général du gouvernement en 2011, Mohamed Salah Ben Aissa, à la Justice. La nomination de Taïeb Baccouche, secrétaire général de Nidaa tounès, aux Affaires étrangères était quant à elle attendue. Habib Essid doit désormais recevoir l’approbation de l’ARP et veiller à obtenir une majorité confortable pour avoir les coudées franches.
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Frida Dahmani, Ă Tunis
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