Afrique : l'OMS reconnaît avoir réagi tardivement
le 26/01/2015 09:36:02
Afrique

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu dimanche avoir été lente à réagir face à l'épidémie d'Ebola, et que cela devrait lui servir de leçon pour l'avenir.

A l'ouverture d'une réunion d'urgence dimanche consacrée à une restructuration du combat contre la maladie, la directrice de l'OMS, Margaret Chan, a estimé qu'en dépit d'une pause dans l'évolution de l'épidémie il n'y avait plus "place à la complaisance", soulignant que les progrès contre la maladie pouvaient rapidement être perdus.

Reconnaissant que l'OMS avait été lente à réagir face à l'épidémie d'Ebola, Mme Chan a appelé à une mobilisation accrue de l'organisation.

"L'Afrique de l'Ouest était confrontée à sa première expérience du virus. . . Le monde, y compris l'OMS, a été trop lent à voir ce qui se déroulait devant nous", a-t-elle déclaré aux délégués rassemblés pour la troisième réunion d'urgence de l'histoire de l'OMS.

"La tragédie d'Ebola a appris au monde entier, y compris l'OMS, comment prévenir ce genre d'événement à l'avenir", a-t-elle dit. "Le monde imprévisible des microbes nous réservera toujours des surprises".

"Le monde ne devrait plus jamais être pris par surprise", a lancé Mme Chan en appelant à une vigilance mondiale et à plus de ressources financières pour combattre l'épidémie d'Ebola.

Depuis son apparition en décembre 2013, près de 9. 000 personnes ont succombé au virus -- presque essentiellement dans trois pays d'Afrique : Liberia, Guinée et Sierra Leone.

"Les chiffres nous disent que nous avons freiné la progression et évité le pire", a déclaré Mme Chan. Mais "de nouveaux cas pourraient réapparaitre à la suite d'une négligence, d'un enterrement ou d'une forte résistance comunautaire", a-t-elle dit. "Ces situations à haut risque se produisent encore".

Elle a également demandé la mobilisation d'un "fonds d'urgence dédié pour permettre de répondre rapidement à des situations d'urgence". Elle a aussi souligné la nécessité de renforcer la gestion de la crise au sein même de l'OMS et d'organiser une meilleure coordination internationale.

"Les pays doivent être soutenus pour pouvoir se doter des ressources humaines nécessaires afin de répondre aux situations d'urgence, et être prêts à agir avec une précision militaire", a-t-elle insisté.

Mme Chan a par ailleurs déclaré à l'AFP que "la priorité en 2015 était d'aider les pays à faire descendre le taux d'Ebola à zéro".

David Nabarro, coordinateur de la lutte contre Ebola à l'ONU, a déclaré qu'à l'avenir, "les réponses devaient être stratégiques, fortes et rapides".

Selon lui, l'épidémie a mis en évidence "les faiblesses des rouages institutionnels mondiaux pour ce qui concerne l'identification et la neutralisation rapide des menaces sanitaires".

M. Nabarro a dans le même temps salué les contributions internationales qui ont fourni financements, expertise et infrastructures sanitaires dans les pays les plus touchés, citant notamment la Grande-Bretagne, la Chine, la France, les Etats-Unis, l'Union africaine et la Cedeao.

Le fonctionnement de l'OMS a été critiqué par plusieurs délégués comme Tom Frieden, directeur du Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) qui a déploré que "trop souvent (la dimension) politique prédomine sur la technique à l'OMS". "Il faut revoir cela", a-t-il insisté.

Les participants ont également entendu le témoignage de l'infirmière sierraléonaise Rebecca Johnson qui a survécu à la maladie d'Ebola après un traitement de quatre semaines en décembre.

Elle ne pouvait plus ni marcher ni parler, et a failli devenir aveugle.

Mme Johnson, qui a retrouvé la vue, a déclaré qu'elle avait été "stigmatisée" par certains membres de sa communauté.

"Je vais parfois dans en endroit (isolé) et je pleure", a-t-elle reconnu. Mais, a-t-elle ajouté, "Ebola n'est pas la fin du monde. Ebola peut être vaincu".

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