Le très controversé chef de l'Etat zimbabwéen Robert Mugabe, paria des Occidentaux, s'est dit indifférent samedi aux critiques autour de sa nomination à la tête de l'Union africaine (UA).
"Ce que l'Occident dira ou fera ne me concerne pas", a-t-il lâché devant la presse réunie dans la capitale éthiopienne Addis Abeba, à la fin du sommet de l'UA qui l'a désigné président de l'organisation panafricaine pour un an.
"Mon rôle est de faire en sorte que les décisions que nous prenons soient appliquées. Ma préoccupation est d'améliorer la vie de nos peuples", a-t-il poursuivi.
"Depuis plus de 10 ans, je suis sous le coup de sanctions, mon pays est sous le coup de sanctions", a encore ajouté le président du Zimbabwe, 91 ans le mois prochain, au pouvoir depuis l'indépendance de son pays en 1980.
"S'ils veulent continuer, cela les regarde, mais ces sanctions sont mauvaises", a-t-il estimé.
"Si l'Europe vient avec un esprit de coopération et pas en vue de nous contrôler et de contrôler notre façon de faire, alors elle sera la bienvenue", a-t-il toutefois assuré.
Plus ancien chef d'Etat africain en exercice, Robert Mugabe a été désigné vendredi à la présidence tournante de l'UA.
Cet autocrate est depuis 2002 visé par des sanctions européennes et américaines, incluant une interdiction de voyager.
M. Mugabe, héros de la libération nationale au Zimbabwe, qui se pose en champion du panafricanisme, multiplie lui depuis des années provocations et tirades incendiaires contre l'Occident et les "impérialistes".
Il est aussi régulièrement accusé de museler l'opposition par la violence et d'avoir ruiné son pays et sa nomination à la tête de l'UA a suscité un certain embarras jusque dans les rangs de l'organisation panafricaine.
Des diplomates ont évoqué un "hasard malheureux" et une règle impossible à contourner offrant, à tour de rôle, la présidence de l'UA à chaque grande région africaine: c'était le tour de l'Afrique australe et le Zimbabwe était seul pays en lice.
Samedi devant la presse, M. Mugabe s'est aussi exprimé sur sa vision de la place des femmes dans la société -- le thème officiel de ce sommet de l'UA était "l'autonomisation des femmes".
"Nous sommes différents", a-t-il affirmé. "Il y a un certain nombre de choses que les hommes peuvent faire et pas les femmes. Et il y a des choses que les femmes peuvent faire et pas les hommes. "
"Vous ne pouvez pas porter de bébé, si ? Même les homosexuels ne le peuvent pas", a-t-il ajouté.
"Mais au Zimbabwe, nous avons des femmes qui sont devenues ministres, juges, agricultrices, pilotes. Nous avons trois (femmes) pilotes", a-t-il dit.
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