Au lendemain de la libération du journaliste australien Peter Greste, le Canada a indiqué lundi que la fin du calvaire de son collègue égypto-canadien Mohamed Fahmy était "imminente", plus d'un an après leur arrestation au Caire.
Le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird a confié à la chaîne CBC que la remise en liberté de M. Fahmy n'était plus qu'une question d'heures, des propos confirmés à l'AFP par son porte-parole Adam Hodge.
Ce développement intervient après des négociations ces derniers jours menées par des diplomates canadiens avec des responsables égyptiens en faveur de la libération de M. Fahmy, âgé de 40 ans.
Comme pour Peter Greste sorti de prison dimanche, Mohamed Fahmy devrait être expulsé d'Egypte dès sa libération.
Les observateurs s'attendent en effet à ce qu'il renonce à sa nationalité égyptienne, ce qui permettrait l'application d'une loi égyptienne promulguée en novembre autorisant sur décret présidentiel l'expulsion des étrangers condamnés à des peines de prison ou en instance de jugement.
Directeur du bureau du Caire d'Al-Jazeera, Mohamed Fahmy avait été arrêté en décembre 2013 avec son collègue Peter Greste et l'Egyptien Baher Mohamed, tous deux également reporters de la chaîne qatarie.
Au moment de ces arrestations, l'Egypte et le Qatar étaient à couteaux tirés après la destitution et l'arrestation par l'armée égyptienne du président islamiste Mohamed Morsi.
Al-Jazeera, qui avait largement couvert les manifestations des partisans de M. Morsi, a été accusée de "soutenir" les Frères musulmans, cibles d'une sanglante répression et décrétés "organisation terroriste" en décembre 2013 par le gouvernement de transition issu de l'armée.
Les trois hommes avaient été condamnés en juin 2014, MM. Greste et Fahmy à sept ans de prison et M. Mohamed à dix ans de détention. Leur arrestation et leur condamnation avaient suscité un tollé international.
- Inquiétude encore vive -
Depuis Chypre où il se reposait avant de s'envoler vers son Australie natale, Peter Greste a déclaré lundi avoir eu "des sentiments très mêlés" au moment de sa libération la veille.
Ce reporter chevronné de 49 ans, passé notamment par la Bosnie et l'Afghanistan, a fait part de son "stress d'avoir à dire au revoir à ses amis et collègues" Mohamed Fahmy et Baher Mohamed.
"Au milieu de ce grand soulagement, je ressens de l'inquiétude" pour eux, a-t-il dit.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué "la décision des autorités égyptiennes de libérer" le journaliste australien tout en espérant, selon son porte-parole Stéphane Dujarric, que les cas des deux autres reporters "seront également résolus rapidement".
M. Ban "souligne l'importance de préserver la liberté d'expression et d'association en Egypte et croit fermement que le pluralisme est essentiel pour la stabilité à long terme" du pays, a souligné M. Dujarric.
Le Premier ministre australien Tony Abbott a pour sa part exprimé sa "joie personnelle et (le) soulagement de la nation", remerciant en outre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Le sort du troisième homme du groupe, l'Egyptien Baher Mohamed, restait néanmoins des plus incertains lundi. Heather Allan, une responsable du service en anglais d'Al-Jazeera, a ainsi confié que la chaîne était "très inquiète à son sujet".
Comme on lui demandait si Baher Mohamed était susceptible d'être libéré comme les autres, Mme Allan a répondu: "Non, je ne peux pas dire que je suis confiante (. . . ) Nous n'allons pas le laisser là -bas".
Son épouse Jihan a pour sa part indiqué espérer "une grâce présidentielle ou un acquittement" puisqu'étant de nationalité égyptienne, il n'est pas éligible à l'expulsion.
Selon le comité de protection des journalistes (CPJ), douze reporters sont toujours emprisonnés en Egypte.
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