Abdelaziz Ben Dhia est décédé d’une longue maladie à Tunis, lundi 23 février, à l’âge de 79 ans.
Quand en 1978, le Premier ministre, Hédi Nouira lui avait proposé le poste de ministre de l’Enseignement supérieur, Ben Dhia, alors, doyen de la faculté de droit de Tunis, s’était écrié : "Mais je ne connais rien à la politique !" La politique ? "C’est justement ce que je vous demande de ne pas faire", lui avait rétorqué Nouira. Ben Dhia ne quittera le pouvoir que 33 ans plus tard, à la chute du régime de Ben Ali, en 2011.
Entre 1978 et 1996, il a tenu pas moins de six portefeuilles dont l’Enseignement supérieur et la Recherche scientifique, l’Éducation nationale, les Affaires sociales, la Culture et la Défense. Créateur du Conseil constitutionnel en 1995, il sera l’artisan de la révision constitutionnelle qui supprimera la limitation des mandats présidentiels et instaurera implicitement une présidence à vie en Tunisie.
Ascension et isolement
Originaire de Moknine (Sahel) et profondément attaché à Toulouse où il fit ses études, Ben Dhia gravit les marches du pouvoir jusqu'à devenir secrétaire général du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de Ben Ali puis dès 1999, ministre d'État, conseiller spécial auprès du président de la République et porte-parole officiel de la présidence.
Troisième personnage de la Tunisie après le chef de l’État et le Premier ministre, Abdelaziz Ben Dhia n’en était pas moins isolé à la fin du régime de Ben Ali, bien qu’également proche de Leïla Trabelsi, épouse du dictateur. Démis de ses fonctions à la révolution de janvier 2014, il avait été incarcéré le 12 mars 2011 puis libéré il y a tout juste un an sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui.
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Frida Dahmani, Ă Tunis
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