Les deux millions d'habitants du Lesotho sont invités samedi à renouveler leur Parlement pour rétablir un gouvernement stable, six mois après une tentative de coup d'Etat militaire qui a ébranlé ce petit royaume d'Afrique australe.
Les bureaux de vote, ouverts à 07H00 (05H00 GMT) pour ces législatives anticipées, doivent fermer leurs portes à 17H00 (15H00 GMT).
Toutes les affiches qui couvraient les murs de la capitale Maseru ont été enlevées dès vendredi, conformément à la loi électorale qui interdit de faire campagne 24 heures avant le scrutin.
Dans les cours des écoles et dans des champs à la périphérie, de longues files d'attentes se sont formées dès avant le lever du soleil.
A Abia, fief du Premier ministre Thomas Thabane près de Maseru, une centaine de personnes attendaient sagement devant deux tentes militaires dressées dans un pré pour servir de bureau de vote.
"Je suis content que ce jour soit enfin arrivé", se réjouit Peter Matete, 56 ans. "Je veux juste voir mon pays calme et paisible. "
Le royaume est en crise depuis que Thomas Thabane a suspendu le Parlement, en juin 2014, afin d'éviter une motion de censure. Il était arrivé au pouvoir en prenant en 2012 la tête d'une coalition d'opposants au Premier ministre Pakalitha Mosisili, mais ses alliés voulaient rompre les bans.
Il a ensuite destitué le chef de l'armée, le général Tlali Kamoli --nommé par son prédécesseur--, qui a réagi le 30 août en envoyant ses hommes investir les postes de police de Maseru, réputés fidèles au chef du gouvernement.
Alors que quelques échanges de tirs faisaient un mort, Thomas Thabane a pris la fuite vers l'Afrique du Sud voisine, dont la frontière est à la sortie de Maseru.
Le Premier ministre lésothan en est revenu grâce à une médiation régionale menée par le vice-président sud-africain Cyril Ramaphosa.
L'organisation de législatives anticipées est le principal point de l'accord de sortie de crise, tandis que les putschistes ont été envoyés "en mission" loin du Lesotho.
La tension est restée vive après la mort d'un passant, début février, dans une fusillade entre des soldats et des gardes du corps du Premier ministre.
- coude Ă coude -
L'armée avait prévu de dresser des barrages routiers samedi dans la capitale, officiellement pour assurer la sécurité du scrutin. Mais la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) lui a rapidement fait comprendre qu'il n'en était pas question, et les pays voisins ont envoyé des policiers en renfort.
Devant les tentes d'Abia où devait voter M. Thabane dans la matinée, une unité spéciale est venue inspecter les lieux, avec des chiens renifleurs, pour chercher d'éventuels explosifs.
La plupart des électeurs interrogés par l'AFP n'ont pas voulu dire pour qui ils comptaient voter.
Motselisi Khaebama, 49 ans, ne cachait cependant pas son penchant pour Thomas Thabane. "Je l'aime bien personnellement, et je crois qu'il est capable de changer nos vies", dit-elle. "Je veux lui donner une chance de finir ce qu'il a commencé. "
En 2012, M. Thabane avait envoyé dans l'opposition Pakalitha Mosisili, qui dirigeait le petit royaume montagneux depuis quatorze ans. Ce dernier était arrivé en tête mais ne disposait pas d'une majorité absolue.
Les deux hommes sont aujourd'hui donnés au coude à coude, mais ils devront une nouvelle fois trouver des alliés pour gouverner, selon les observateurs.
"Si tout pouvait se passer comme je l'espère, il n'y aurait plus de gouvernement de coalition, mais je ne crois pas qu'un seul parti aura assez de voix pour gouverner tout seul", soupire Peter Matete.
L'Afrique du Sud --au sein de laquelle le Lesotho est complètement enclavé-- surveille le scrutin de très près, alors que les observateurs craignent des violences post-électorales.
Le vice-président Cyril Ramaphosa était attendu dans le royaume dans la journée.
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