Côte d'Ivoire : "Il y a dorénavant un PDCI-RDA et un PDCI-RDR"
le 28/02/2015 16:50:00
CĂ´te d'Ivoire

Image redimensionnéeLes tensions au sein du PDCI au sujet de la présidentielle de 2015 s'aggravent de jour en jour. Interview de Kouadio Konan Bertin (KKB), un des quatre frondeurs qui rejettent "l'Appel de Daoukro" de Henri Konan Bédié, le président du parti.

À 24h du 5e congrès extraordinaire prévu pour le samedi 28 février, l’heure est à la division au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). L’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, l’ancien ministre d’État Essy Amara, les députés Kouadio Konan Bertin, dit KKB, et Jérôme Kablan Brou, ont d’ailleurs annoncé jeudi 26 février, lors d’une conférence de presse commune, qu’ils ne participeraient pas à la grand-messe de leur parti. Les quatre "irréductibles" (selon le surnom donné par le président du parti, Henri Konan Bédié), décidés à faire entendre leur opposition au fameux "Appel de Daoukro" lancé le 17 septembre dernier par Bédié afin de soutenir une candidature unique d’Alassane Ouattara à la présidentielle d’octobre 2015 – n’ont pourtant donné aucune précision sur leur stratégie future. Jusqu’où iront-ils dans la contestation ? Se présenteront-ils individuellement ou opteront-ils pour une candidature unique, afin de peser d’avantage sur le scrutin ? Et dans ce dernier cas, autour duquel d’entre eux ? KKB, le cadet des frondeurs, a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Jeune Afrique : Après le boycott du Congrès extraordinaire, en quoi va consister la stratégie des frondeurs ?

KKB : Tout d’abord, nous ne tomberons donc pas dans la provocation, car nous sommes profondément attachés à la non-violence. Nous aurions pu, par exemple, organiser parallèlement au rendez-vous de samedi, notre propre rencontre avec les vrais militants du PDCI-RDA, mais nous ne souhaitons pas attiser les tensions. Néanmoins, nous donnons rendez-vous à tous les vrais militants du PDCI-RDA, pour un rassemblement dans un grand stade d’Abidjan, dans un mois. À ce moment-là, tous les quatre, nous examinerons les vœux de nos militants, afin de nous mettre en ordre de bataille pour aller battre Alassane Ouattara dans les urnes.

Le principe d’une candidature unique des "frondeurs" est-il retenu ?

Nous sommes en train de rechercher la meilleure stratégie pour vaincre Alassane Ouattara. Si cette stratégie commande une candidature unique, nous apprécieront cela au moment indiqué, et à la fin de notre réflexion. Une chose est sûre en tous cas si nous optons pour un seul candidat, ce candidat sera le candidat du PDCI-RDA. Car ce qui va se passer au congrès, avec la validation de l’Appel de Daoukro, ce n’est rien d’autre qu’un départ de Bédié et de ses suiveurs vers le RDR d’Alassane Ouattara. Il y a dorénavant deux PDCI, un PDCI-RDA et un PDCI-RDR. C’est le PDCI-RDA que nous allons affirmer dans un mois.

Pourquoi n’allez-vous pas jusqu’au bout, à la rupture totale et consommée, en créant tout simplement un autre parti ?

Créer un nouveau parti ce serait trahir Félix Houphouët Boigny. Et ça nous ne le voulons pas. C’est Bédié qui est en train de sortir du PDCI-RDA avec ce congrès. Il est donc normal que ceux qui sont attachés à l’œuvre et à l’héritage laissé par Houphouët puissent aujourd’hui s’exprimer au sein de son parti.

Dans une interview accordée vendredi à la chaîne TV5, Henri Konan Bédié affirme qu’en soutenant la candidature unique d’Alassane Ouattara cette année, le PDCI-RDA est assuré de revenir au pouvoir en 2020 et qu’il a reçu de sérieux gages. Qu’en pensez-vous ?

KKB : Seul, Alassane Ouattara peut aujourd’hui confirmer ou infirmer publiquement ce qu’a dit Bédié. Le fera-t-il ? Peut-il le faire ? Nous, nous savons bien qu’il n’en a jamais été question et qu’il s’agit d’un mirage, d’un rêve. Bédié veut se donner bonne conscience pour rassurer ses militants. En 2020, serons-nous là pour voir si cet engagement sera respecté ? Bédié sera-t-il là pour le vérifier ?

Vous avez comptez certaines défections dans votre camps, au profit d’Essy Amara. Le député de Bocanda, Kramo Kouassi, par exemple, dont vous étiez proche, est aujourd’hui le porte-parole de l’ancien ministre d’État. Qu’en pensez-vous ?

Je n’en pense absolument rien et respecte son choix.

Comprenez-vous alors son choix ?

Le comprend-il lui-mĂŞme ?

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Propos recueillis par Haby Niakaté

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