Le blogueur tunisien Yassine Ayari, accusé d'avoir porté "atteinte à l'armée" dans des textes publiés sur Facebook, a vu mardi sa peine réduite en appel à six mois de prison contre un an précédemment.
M. Ayari, 33 ans, avait été condamné dans un premier procès par contumace le 18 novembre à trois ans de prison pour avoir diffamé des officiers et cadres du ministère de la Défense, publié des rumeurs pouvant provoquer la confusion chez les unités militaires et accusé des responsables d'infractions financières et administratives sans présenter de preuves, selon ses avocats.
Interpellé en décembre à son arrivée de Paris puis transféré vers une prison près de Tunis, il avait fait opposition au jugement et avait vu sa peine réduite à un an en janvier.
La cour d'appel militaire a décidé mardi "de réduire sa peine à six mois", a annoncé la magistrate.
Des proches de Yassine Ayari ont aussitôt manifesté leur colère en scandant "A bas le juge de l'armée".
"Six mois, ça va être difficile. La justice n'a pas été juste et ne nous a pas rendu justice. L'affaire de Yassine est politique", a dénoncé la mère du jeune homme, Saïda Ayari. "Je ressens beaucoup d'amertume. Les jeunes de la révolution sont mis en prison pour satisfaire certaines personnes", a-t-elle dit à l'AFP sans plus de précisions.
Les avocats de M. Ayari vont se concerter avec lui pour décider s'il se pourvoit ou non en cassation, a dit à l'AFP l'un d'eux, Malek Ben Amor.
Le blogueur, un soutien de l'ex-président Moncef Marzouki, assure être victime du "changement de cartographie politique dans le pays" après la victoire à la fin 2014 du parti Nidaa Tounès aux législatives et de son chef Béji Caïd Essebsi à la présidentielle.
M. Ayari était un activiste sous le régime déchu du dictateur Zine El Abidine Ben Ali et a continué à être actif après la révolution. Il est le fils d'un colonel de l'armée tué en mai 2011 dans des affrontements avec un groupe de jihadistes.
L'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait demandé un transfert de son "procès vers des juridictions civiles, garantes de transparence et d'impartialité".
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