Sierra Leone : la Sierra Leone confine sa population pour la deuxième fois en six mois
le 28/03/2015 09:59:43
Sierra Leone

Les Sierra-Léonais étaient confinés de vendredi à dimanche, mesure radicale décrétée pour la deuxième fois en six mois, afin de maîtriser une recrudescence localisée des cas d'Ebola dans le pays, qui fait craindre un recul dans la lutte contre l'épidémie.

A l'exception des personnels de santé et des autorisations spéciales, les quelque six millions d'habitants du pays sont contraints de rester chez eux depuis vendredi 06H00 (locale et GMT), jusqu'au dimanche 18H00, selon une décision du président Ernest Bai Koroma.

Un allègement des restrictions a été observé vendredi pendant trois heures pour permettre aux musulmans - majoritaires dans le pays - d'effectuer la grande prière hebdomadaire et il en sera de même dimanche de 07H00 à 14H00 pour permettre aux chrétiens d'aller à la messe pour le Dimanche des Rameaux, a indiqué par téléphone à l'AFP Palo Conteh, chef du Centre national de lutte contre Ebola (NERC).

A Freetown, qui ressemblait vendredi aux premières heures de la journée à une ville morte, plusieurs centaines de fidèles, chapelet ou exemplaire de Coran à la main, ont profité de la brève suspension du confinement, en fin de matinée, pour se rendre à la mosquée, a constaté un journaliste de l'AFP dans un quartier de l'est. Parmi eux, figurait Alhadji Bailor Sidikie, qui a affirmé soutenir la campagne anti-Ebola.

"Jusqu'à présent, le gouvernement apprécie l'appui total" manifesté par les populations, qui voient dans le confinement "un effort déterminé pour débarrasser le pays d'Ebola", a déclaré à l'AFP son porte-parole, Abdulai Bayratay, indiquant se fonder sur des "rapports" reçus de toutes les régions du pays.

La Sierra Leone a enregistré plus de 3. 700 morts sur plus de 11. 800 cas d'Ebola selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié mercredi et arrêté au 22 mars.

L'épidémie, partie en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone, a fait d'après l'OMS au total plus de 10. 300 morts identifiés pour quelque 25. 000 cas, à plus de 99% dans ces trois pays, qui espèrent tous atteindre zéro cas à la mi-avril.

Un premier confinement général avait déjà été imposé à toute la population en Sierra Leone il y a un peu plus de six mois, du 17 au 19 septembre 2014.

Ce nouvel isolement de masse a été décidé face à une recrudescence des cas dans certaines zones risquant de compromettre le reflux général noté depuis décembre 2014, selon les autorités, qui veulent par ailleurs réduire les risques à l'approche de la réouverture des écoles, fixée au 14 avril, après huit mois de fermeture.

Jusqu'à dimanche, près de 26. 000 volontaires sont mobilisés pour faire du porte-à-porte et il n'est plus envisagé de poursuivre la même opération pour les samedi 4, 11 et 18 avril "comme cela a été annoncé précédemment", a précisé Palo Conteh, du NERC.

"La campagne se déroule à l'échelle nationale, mais en mettant plus l'accent sur quatre districts: la région de l'Ouest (comprenant la capitale, Freetown), Port Kolo, Bombali et Kambia (nord)", près de la frontière avec la Guinée, où sont localisés les foyers actuels, a expliqué M. Conteh.

- Nouveau traitement expérimental testé avec succès -

D'après le journaliste de l'AFP et différents témoins, le confinement était généralement bien observé, et dans le calme, à travers le pays, qui a cependant connu pendant plusieurs heures vendredi des problèmes de connexion à l'Internet.

A Aberdeen, zone de pêche et de tourisme proche de Freetown où ont été dénombrés récemment beaucoup de cas, de nombreux efforts anti-Ebola ont été faits et il n'y reste plus qu'une maison en quarantaine jusqu'à lundi, selon un élu local, Tejan Cole.

Depuis Tonkolili (sud), les personnels de santé accédaient sans difficultés aux villages périphériques, pour chercher à domicile des patients souffrant de diverses maladies, a indiqué Dr Augustine Junisa, chef du district médical.

Au Liberia voisin, un dernier cas reste sous surveillance tandis qu'en Guinée, une campagne de vaccination à grande échelle contre Ebola est en cours depuis le 24 mars.

Le vaccin utilisé est le VSV-EBOV mis au point par l'Agence de la santé publique canadienne. Le VSV-EBOV est, avec le VSV-ZEBOV, un des deux vaccins expérimentaux contre le virus Ebola jugés sans risque jeudi par l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).

A Londres, une infirmière britannique contaminée par Ebola en Sierra Leone est sortie guérie vendredi de l'hôpital, après avoir reçu un nouveau traitement expérimental utilisé pour la première fois selon les médecins, le MIL 77, fabriqué en Chine.

Il n'y a à ce jour pas de traitement ni de vaccin autorisés contre Ebola, mais l'OMS a donné le feu vert pour accélérer les essais cliniques de vaccins candidats prometteurs pour endiguer l'épidémie.

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