Le président français a promis une «coopération exemplaire» à son homologue tunisien qu'il reçoit à Paris.
Dix jours après s'être rendu à Tunis endeuillée par les attentats du Bardo, François Hollande manifeste à nouveau la solidarité de la France à l'égard de la Tunisie, en recevant, mardi et mercredi à Paris, son président, Béji Caïd Essebsi. «Nos deux pays sont côte à côte pour faire face aux épreuves», a déclaré mardi François Hollande, qui a promis «une coopération exemplaire». Son homologue tunisien a répondu par un appel à ses concitoyens vivant en France: «Continuez à vivre dans ce pays qui vous accueille, respectez ses lois et restez de bons musulmans.» «Investir pour la Tunisie»
C'est la première visite à l'étranger, en dehors du monde arabe, qu'effectue le premier président élu de cette république construite par la «révolution du jasmin». Accueil aux Invalides, discours au Sénat, dîner à l'Élysée: durant cette visite d'État, les plus grands honneurs ont été réservés à cet homme de 88 ans, qui a connu la France lors de ses années d'études à la Sorbonne, avant d'y revenir tout au long de sa longue carrière, notamment comme ambassadeur. On ne peut pas reprocher à François Hollande d'avoir ignoré la Tunisie. Il s'y est rendu comme président à l'été 2013, afin d'encourager la transition démocratique, puis encore en février 2014, pour célébrer l'adoption de la Constitution tunisienne, avant d'y retourner le 29 mars dernier, après l'attaque terroriste du Bardo qui fit 22 morts, dont quatre Français. Une initiative tout aussi marquante fut la conférence «Investir pour la Tunisie», organisée en septembre 2014 à Tunis sous coprésidence française, et à laquelle participèrent tous les grands bailleurs de fonds internationaux et près de 60 pays. Une amertume encore perceptible
Malgré ces marques d'intérêt, une certaine amertume est encore perceptible chez les interlocuteurs tunisiens. Tarde ainsi à se dissiper le souvenir d'une France ayant soutenu le dictateur Ben Ali contre son peuple, puis le gouvernement Ennahda, proche des Frères musulmans, contre le camp séculier, auquel appartient Béji Caïd Essebsi. Ce dernier faisait encore récemment grief à Paris d'avoir épaulé le candidat du parti islamiste à la dernière présidentielle, et déclarait ainsi à Paris Match: «Il n'y a pas eu d'ambiguïté de la part de la France. Il y a eu soutien explicite à mon adversaire dans la campagne électorale. C'est comme ça. Moi, j'avais pour soutien les Tunisiens et surtout les Tunisiennes.»
Premier partenaire économique de la Tunisie, la France entend convertir 60 millions de dettes tunisiennes en investissements, et compte bien approfondir durant cette visite les partenariats dans les domaines de l'éducation et de la sécurité. La Tunisie demande l'assouplissement du régime des visas. Et encore de nouvelles marques de confiance et d'amitié, à la veille d'une saison touristique que les terroristes tentent de saborder.
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