Cinq jours après la tentative de coup d’État manqué contre lui, Pierre Nkurunziza est réapparu dimanche pour la première fois en public lors d’un point de presse improvisé au palais présidentiel de Bujumbura. Au grand étonnement des observateurs, il n'a pas dit un mot de la situation intérieure du Burundi.
Ce qu'il a dit
Apparaissant décontracté, le président burundais a tenu à serrer la main des journalistes conviés à cette conférence de presse. Pierre Nkurunziza a ensuite délivré un très bref message en moins d’une minute avant de quitter le palais présidentiel sous bonne escorte. Si rien n’a a été dit sur la tentative de coup d’État et le sort réservé aux putschistes, le président a indiqué avoir participé à une réunion consacrée à la menace des insurgés shebab, alors que des troupes burundaises participent à une force internationale africiane mobilisée contre ces islamistes en Somalie (Amisom). "Nous avons pris des mesures contre les shebab, nous prenons au sérieux ces menaces", a-t-il indiqué.
Un report des élections envisagé
Prenant la parole juste après le départ du président Nkurunziza, son principal conseiller en communication a répondu aux questions des journalistes. Willy Nyamitwe a notamment indiqué que le gouvernement pourrait envisager un report des élections législatives prévues fin mai et la présidentielle un mois plus tard. "Je laisse le soin à la Ceni de répondre à toutes les questions qui concernent les élections, que ce soit la logistique et autres. […] Si la Ceni décide de glisser les élections, le parti au pouvoir n’y trouve aucune objection", a-t-il déclaré.
La chape de plomb sur les médias
Très critiques vis-à -vis du pouvoir, les principales radios privés du pays - la RPA, la Radio-Télé Renaissance, et deux autres radios privées, Bonesha et Isangarino - ont été attaquées par les forces pro-Nkurunziza pendant la tentative de coup et ne peuvent plus émettre aujourd'hui.
Willy Nyamitwe a "condamné avec la dernière énergie" les attaques qui ont visé ces radios pendant la tentative de putsch. La présidence "regrette vraiment qu'on en arrive à faire taire les médias d'une façon aussi violente", a-t-il déclaré, assurant que ces médias pouvaient reprendre leurs émissions "à n'importe quel moment".
Il ne reste quasiment plus aujourd'hui de médias privés indépendants au Burundi, alors que la radio-télévision (RTNB) continue elle de relayer les messages présidentiels. Le patron de la RPA, Bob Rugurika, a fui à l'étranger et plusieurs journalistes de médias privés se cachent par peur des réprésailles.
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