Gambie : Banjul donne 72 heures à une diplomate européenne pour quitter le pays
le 07/06/2015 12:00:00
Gambie

Image redimensionnéeLe gouvernement gambien a donné 72 heures à la chargée d'affaires par intérim de la délégation de l'Union européenne (UE) à Banjul, Agnès Guillaud, pour quitter la Gambie, selon un communiqué officiel qui ne fournit aucun motif.

"Le gouvernement gambien informe le public qu'il a décidé de demander à Mme Agnès Guillaud, chargée d'affaires par intérim à la Délégation de l'Union européenne en Gambie, de quitter le territoire gambien dans les 72 heures", selon ce communiqué lu vendredi soir à la télévision publique.

Le texte précise que le délai court "à compter de ce vendredi 5 juin 2015", mais il fournit aucune explication sur les motifs de cette expulsion qui a créé samedi la surprise dans les milieux diplomatiques.

Des sources occidentales à Banjul et dans la région jointes par l'AFP ont simplement indiqué avoir appris "l'expulsion" de Mme Guillaud, en assurant en ignorer les motifs et en déclinant tout commentaire.

Selon une des sources, Agnès Guillaud, de nationalité française, est depuis 2011 en Gambie, dont l'UE est un des principaux partenaires économiques, avec des subventions allouées pour la période 2008-2013 totalisant 65 millions d'euros.

Ex-colonie britannique enclavée dans le Sénégal, à l'exception de sa façade maritime, la Gambie est dirigée depuis près de 21 ans d'une main de fer par Yahya Jammeh.

M. Jammeh a été porté au pouvoir en juillet 1994 par un coup d'Etat, ensuite élu en 1996 puis réélu trois fois (2001, 2006, 2011). Son régime est régulièrement accusé de violations des libertés et droits humains.

En 2010, l'UE avait annulé l'octroi d'une aide budgétaire en faveur de la Gambie de 22 millions d'euros en arguant de préoccupations concernant les droits de l'Homme et la bonne gouvernance.

Yahya Jammeh de son côté attaque fréquemment des pays occidentaux qui, selon lui, conditionnent leur aide à la Gambie aux droits des homosexuels.

"Si vous voulez nous donner de l'aide pour que nous mariions les hommes avec les hommes et les femmes avec les femmes, abandonnez. Nous n'avons pas besoin de votre aide car aussi longtemps que je serai président de la Gambie, vous ne verrez jamais cela arriver dans ce pays", avait-il dit dans une déclaration au Parlement le 21 avril 2012.

M. Jammeh s'était aussi énervé lorsque, en décembre 2012, l'UE avait exhorté la Gambie à abolir la peine de mort, rouvrir des médias fermés --généralement pour avoir critiqué le pouvoir-- et autoriser des diplomates étrangers à accéder aux prisons du pays.

Il avait estimé que ces recommandations de l'UE étaient "une insulte" et que son pays, "en tant qu?État souverain (. . . ) ne modifiera pas ses lois parce que l'UE veut que cela soit fait".

Puis en janvier 2013, il avait accusé l'UE de vouloir "créer une situation d'instabilité" en Gambie ou y "installer un gouvernement fantoche". Des milliers de personnes avaient alors marché à Banjul en scandant des slogans hostiles à l'UE.

Bruxelles avait de son côté assuré ne pas vouloir "imposer" ses vues à la Gambie mais dialoguer.

En octobre 2013, la Gambie a par ailleurs annoncé son retrait "avec effet immédiat" du Commonwealth, organisation anglophone, sans fournir d'explication mais en fustigeant "une institution qui représente un prolongement du colonialisme".

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