Tunisie : l'entourage du terroriste de Sousse dans l'incompréhension
le 29/06/2015 14:00:00
Tunisie

Image redimensionnéeDeux jours après l’attentat qui a touché une plage privée de la station balnéaire de Sousse, l’incompréhension et le choc sont toujours palpables. En particulier à Siliana, la région d’origine de Seifeddine Rezgui, l’auteur de l’attentat, mais aussi à Kairouan, où il habitait et faisait ses études.

L'auteur de l'attaque de vendredi à Sousse habitait à Gargabia, un quartier populaire du centre-ville de Kairouan. Regroupés autour d’une boutique, les habitants n’ont qu’un seul sujet de discussion : Seifeddine Rezgui, cet étudiant de 23 ans, auteur de l’attentat. Les riverains le décrivent comme un personnage discret, normal. Mais ici, tout le monde assure ne pas le fréquenter.

« Je l’ai vu seulement à quatre reprises ici. La propriétaire de sa maison n’habite pas ici. Elle loue sa maison à des étudiants pour gagner de l’argent », raconte Mohamed Mijdri.

D’après plusieurs résidents, Seifeddine Rezgui louait une chambre dans un immeuble depuis environ six mois. L’attentat semble avoir créé un climat de suspicion. Pour ce vendeur, difficile de contrôler les allées et venues dans ce quartier. « C'est pas facile de remarquer quelque chose, parce que c'est un emplacement où beaucoup de gens passent, il y a beaucoup de mouvements. »

Ici, on est surtout surpris d’apprendre que cet étudiant était un jihadiste. Car Seifeddine Rezgui n’affichait pas son intérêt pour la religion. « Je fais ma prière dans la mosquée qui est là et je ne l'ai jamais vu. Il n'est pas du quartier, d'une autre ville. Il était étudiant ici je crois », explique ce militaire à la retraite. « Ses amis boivent de l’alcool, comment peut-il être un islamiste ? » s’interroge un voisin.

Depuis l’attentat, ces habitants sont gagnés par des sentiments d’incompréhension et de colère. Ils ne veulent pas que l’on associe leur ville au terrorisme.

L'entourage sous le choc

A plusieurs centaines de kilomètres, dans la région de Siliana, le temps s’est comme figé dans le village de Gaafour. Adossé au mur de sa maison, le père de Seifeddine Rezgui, a le regard vide. Les membres de sa famille sont formels : Seifeddine ne montrait aucun signe de radicalisation.

« Au nom de Dieu, je ne sais pas pour quelle raison il a fait ça. Je ne sais pas où il a appris à se servir de ces armes. Qui l’a entrainé dans cette histoire ? Rien n’a changé de son comportement depuis qu’il étudie à Kairouan. Jeudi dernier encore, il était avec nous. »

Les amis de Seifeddine Rezgui n’ont aucun détail sur ses activités et ses fréquentations à Kairouan. Ils ne retiennent de lui, qu’un personnage poli, réservé, qui dansait le breakdance et aimait le football.

« Il n’y a rien ici à Gaafour, je vous assure, il n’y a pas de terroriste. Les gens sont gentils et je ne veux pas que tout le monde dise qu’il y a du terrorisme ici », confie Argoubi Saleh, un voisin.

La famille et les amis de Seifeddine Rezgui sont partagés entre le deuil et le sentiment d'incompréhension. Et dans ce village d’apparence paisible, on refuse d’être stigmatisé ou associé à la notion de terrorisme. Personne ne se doutait qu’il faisait partie d’un groupe jihadiste.

« C’était un personnage simple et généreux avec les voisins. Il faisait la prière, après sa prière, c'était le café et les blagues avec ses amis », se souvient Ali Mizouni, un retraité. Et ici, d’ailleurs, on attend du gouvernement, des mesures strictes en matière de sécurité pour éviter ce type de drame.

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