Les concertations continuent en vue de trouver une solution à la nouvelle crise entre le Premier ministre burkinabè Yacouba Isaac Zida et les soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).
Après avoir manifesté leur mécontentement dans la nuit du lundi par des tirs en l'air dans leur caserne, les soldats exigent la démission du Premier ministre ainsi que celle de tous les autres militaires du gouvernement de transition. Le président Michel Kafando a entamé une médiation entre les deux parties.
Le scénario est similaire à celui du mois de février : les mêmes acteurs, les mêmes revendications et les mêmes médiateurs. D'un côté, il y a les soldats du Régiment de sécurité présidentielle ; de l'autre, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida. Les soldats du régiment de sécurité présidentielle exigent la démission du Premier ministre et le départ de tous les militaires du gouvernement de la transition.
Encore une fois, le président de intérimaire Michel Kafando joue les médiateurs, avec à ses côtés l'ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo et l'ex-chef d'état-major particulier de la présidence, le général Gilbert Diendéré. Les concertations, qui ont commencé dans la matinée, se sont poursuivies dans la nuit. « C'est une affaire purement militaire », confie à RFI un officier supérieur de l'armée.
Suite à l'audition de trois officiers du Régiment de sécurité présidentielle par la gendarmerie, les soldats du RSP dénoncent un « harcèlement de certains dirigeants de la transition et de certaines organisations de la société ». Ils manifestent leur mécontentement. Et une dizaine de soldats ont été mis aux arrêts pour avoir tiré des coups de feu en l'air à l'intérieur de leur caserne.
« Le rapport de force n’est pas en leur faveur »
Bruno Jaffré, spécialiste du Burkina Faso et biographe du leader de la révolution de 1984 Thomas Sankara, revient sur le rôle important que gardent aujourd'hui les cadres du RSP :
« Gilbert Dienderé, qui a dirigé les hommes qui ont tué Thomas Sankara ; Boureima Kéré, qui était le chef de ce régiment et qui est accusé de torture. Vous avez l’assassinat de Norbert Zongo, dont tout le pays sait que ce sont des éléments du Régiment de sécurité présidentielle qui en sont à l’origine. Donc, on a des gens qui ont très peur d’être arrêtés, et on a en tout cas des gens qui défendent leur position », explique le chercheur.
Bruno Jaffré rappelle qu'il y a un enjeu important derrière cette affaire : « C’est quand même une des revendications principales du Conseil national de transition, de la société civile et de bien d’autres forces, que ce régiment change complètement et, qu’en tout cas, ces hommes qui sont responsables de beaucoup d’assassinats et d’exactions, probablement tout ce qu’il y a eu sous la période de Compaoré, soient mis hors d’état de nuire et jugés. Si ces gens là se comportent comme ça, c’est qu’ils continuent de penser que le rapport de force est en leur faveur. Et c’est ce qu’ils doivent comprendre : que le rapport de force n’est pas en leur faveur. »
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