Burundi : une cache d'armes découverte, des arrestations dans l'opposition
le 13/07/2015 16:40:00
Burundi

Image redimensionnéeAprès l'infiltration et des affrontements entre un groupe armé et l'armée il y a trois jours dans le nord du Burundi, dans la province de Kayanza cette fois, une trentaine de militants d'opposition ont été arrêtés suite à la découverte d'une importante cache d'armes sur une colline de la province de Muyinga, dans le nord-est du pays.

Et l'administration l'assure : tout cela est arrivé par hasard. Dimanche matin, un groupe d’Imbonerakure, des membres de la ligue des jeunes au pouvoir, a arrêté un taxi-moto qui transportait un gros sac recouvert de boutures de patates douces. Ils ouvrent alors ce sac et y découvrent, selon des sources sur place, dix kalachnikovs et 38 chargeurs. Le motard, lui, aurait réussi à fuir.

Ces jeunes militants du parti présidentiel en réfèrent alors à la police qui décide de perquisitionner cette colline dans la province de Muyinga, quelque 280 kilomètres au nord-est de la capitale Bujumbura. Vingt autres kalachnikovs sont alors découvertes, explique Aline Manirabarusha, la gouverneure de cette province. C’est du jamais-vu, un coup de filet extraordinaire, le plus important jamais opéré de mémoire de policier.

La police a alors procédé à l’arrestation de 31 personnes, toutes membres du FNL d’Agathon Rwasa, le principal leader de l’opposition. « Ils étaient sur une liste découverte sur place d’un groupe de gens qui voulaient perturber la paix et la sécurité », justifie la gouverneure. Mais dans le camp d’Agathon Rwasa, on dément. On parle d’un coup monté dans le but de détruire la principale force d’opposition.

La nervosité des autorités burundaises s’explique par le fait que des rumeurs persistantes font état depuis plusieurs jours d’une infiltration de groupes armés en provenance d’un pays voisin dans cette zone frontalière du Rwanda et de la Tanzanie.

â–  La tension monte entre le Rwanda et le Burundi

Rien d'officiel, mais du côté des services de sécurité burundais, on ne mâche pas ses mots à l'égard du voisin du nord accusé d'armer, de former et de renvoyer sur le sol burundais des militaires dissidents et des jeunes recrues. Le gouvernement n'a jusque-là pas relayé ces accusations. Les enquêtes sont encore en cours, dit-on du côté de Bujumbura. Des membres de ce groupe ont été capturés, et les habitants interrogés. Le temps venu, assure encore un haut responsable burundais, «nous livrerons les résultats de ces investigations». Ce lundi, l'armée devrait en tout cas présenter à la presse des prisonniers. «Plus de 80», dit-on.

Le Burundi trouve cela «commode de chercher des responsables ailleurs», c'est ce qu'a dit à l'agence Reuters la ministre rwandaise des Affaires étrangères. « Il ne faut pas continuer de suivre toutes les rumeurs et de mêler le Rwanda à toutes les crises dans les pays voisins », explique un officiel rwandais. « Tout le monde sait, même les Etats-Unis leur avaient dit d'arrêter, mais ils n'ont rien voulu entendre », rétorque un responsable burundais.

Les accusations ne sont pas en sens unique. Kigali reproche notamment à Bujumbura d'accueillir sur son sol, voire de recruter des FDLR qui ont participé au génocide de 1994, une ligne rouge pour le Rwanda, explique un diplomate étranger. « On aurait besoin d'amortis de guerre ici, de combattants qui auraient aujourd'hui 45 ans et plus », se moque une source sécuritaire burundaise qualifiant d'excuses les accusations rwandaises.

Parmi les recommandations du dernier sommet de Dar es Salaam figure l'envoi au Burundi des experts du mécanisme de vérification conjoint de la Conférence internationale pour les grands lacs, CIRGL, pour vérifier la présence de FDLR sur le sol burundais.

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