Human Rights Watch dénonce les « excès et crimes commis par les forces de sécurité en Guinée », où l’ONG a dénombré deux morts et 146 blessés au cours des manifestations d’avril et mai dernier. Elle réclame aux autorités la fin de l’impunité et un plus grand contrôle des forces de l’ordre.
Malgré les affirmations du gouvernement guinéen, la police et la gendarmerie ont bien fait usage d'armes à feu contre les manifestants, lors les marches de protestation d'avril et mai dernier. Selon Human Rights Watch, sur les 146 blessés recensés, 37 l'ont été par balle.
« Etant donné le niveau actuel des tensions ethniques et politiques et le risque de violences continues liées aux élections, le gouvernement doit tout simplement prendre des mesures pour faire face à ces abus », note l’ONG qui demande aux autorités guinéennes d’« améliorer la discipline » au sein des forces de sécurité et de punir sans tarder les coupables de crimes et d'exactions.
Tensions ethniques
Outre les deux morts par balle, Human Right Watch a en effet noté des pillages et des vols, ainsi qu'un viol, commis par les forces de l'ordre. Sans compter - signe inquiétant - les insultes à caractère ethnique. « Les policiers et les gendarmes ont insulté tous les gens peuls. Ils savent que cela ne fait qu’augmenter la pression sociale et les tensions ethniques », dénonce Corine Dufka, directrice de la division Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, qui juge que ces comportements « démontrent un manque de neutralité » des forces de l’ordre.
L'ONG pointe également les manifestants, jugeant que, de leur côté également, « le niveau de violence est inacceptable ». Au cours des manifestations, 77 gendarmes et policiers ont été blessés, dont 28 grièvement. HRW appelle donc également les dirigeants de l'opposition à maintenir l'ordre dans leurs rangs et à expurger les éléments violents de leurs marches de protestation.
Mise en garde de la CPI
Un appel au calme de part et d’autre qui intervient alors que la Guinée entre en période électorale et que de nouvelles manifestations violentes sont à craindre. Au début du mois de juillet, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, venue à Conakry pour faire le point sur les procédures sur l'affaire du massacre du 28 septembre 2009, avait elle aussi mis en garde les Guinéens contre le recours à la violence dans le débat politique. « Il faut absolument éviter que de nouveaux crimes soient commis, quelles que soient la situation, les circonstances. [...] J'appelle tous les acteurs politiques guinéens à s'assurer que les élections se déroulent dans le calme et que leurs partisans s'abstiennent de toute violence », avait-elle déclaré alors.
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