Environ 70 000 naissances pourraient ne pas avoir été enregistrées au Liberia durant l’épidémie d’Ebola, a annoncé l’Unicef ce vendredi 31 juillet. Cette estimation du ministère de la Santé libérien est une projection réalisée en croisant les chiffres des naissances attendues et ceux des naissances déclarées.
Au Liberia, le taux d’enregistrement des naissances n’était déjà que de 25 % en 2013, avant que le pays ne soit confronté à l’épidémie d’Ebola, début 2014. Mais depuis l’éruption du virus et la fermeture de nombreuses maternités à travers le Liberia due à l’infection des personnels de santé, le pays a encore enregistré 40% de naissances de moins qu’attendues.
Plus de 70 000 enfants pourraient ainsi ne pas avoir été enregistrés à leur naissance en 2014. Ce chiffre a été obtenu par le ministère de la Santé libérien en recoupant les chiffres des naissances prévues avec ceux des naissances effectivement déclarées.
En 2013, 79 000 enfants ont été déclarés à l’état civil libérien. En 2014, ils n’étaient plus que 48 000. Et de janvier à mai 2015, seules 700 naissances ont été enregistrées par la fonction publique. Rien pourtant ne prouve que l’épidémie d’Ebola aurait entraîné une baisse des naissances. Au contraire. « Nous avons rencontré beaucoup de femmes, mères de très jeunes enfants, qui racontent qu’elles n’ont pas pu aller déclarer leur naissance pendant l’épidémie », témoigne Rukshan Ratnam, du Fonds des Nations unies pour l’enfance au Liberia.
Pas d'existence officielle
En Sierra Leone voisine, touchée elle-aussi par le virus, une récente campagne de cinq jours d’enregistrement des naissances et de vaccination contre la poliomyélite, a permis de déclarer près de 250 000 enfants, jusque-là invisibles, à l’état civil sierra léonais.
Cette reconnaissance est très importante. « Les enfants qui n’ont pas été enregistrés à la naissance n’existent pas officiellement », a rappelé Sheldon Yett, le représentant de l'Unicef au Liberia dans un communiqué. Ils risquent donc de ne pas pouvoir accéder à des services de santé ou des services sociaux, faute de papiers d’identité. Marginalisés, ils sont aussi plus facilement la proie des trafiquants ou susceptibles d’être adoptés illégalement. L’Unicef avec le gouvernement libérien prévoit une campagne nationale d’enregistrement des naissances au courant de l’année 2015.
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