Tunisie : les journalistes mobilisés pour la liberté de l’information
le 03/08/2015 17:12:58
Tunisie

L'état d'urgence a été reconduit de 30 jours en Tunisie pour cause de lutte antiterroriste et de nouvelles lois voient le jour, dont une, qui, selon le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), menace particulièrement la liberté de la presse.

A Tunis, le syndicat et l'ONG Reporters sans frontières (RSF) alertent l'opinion à travers la campagne La liberté de l'information ne tient qu'à un fil. Ils dénoncent toute tentative de ramener en arrière la liberté de la presse en Tunisie.

La liberté de la presse acquise avec la révolution de 2011, en Tunisie, après des décennies de dictature, est menacée par des projets de loi mais aussi par certains journalistes eux-mêmes, a averti le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), ce vendredi 31 juillet.

Le président du SNJT, Néji Bghouri, a évoqué un projet de loi visant à protéger les forces de sécurité tunisiennes face à l'essor de la mouvance jihadiste armée, qui prévoit de lourdes peines de prison pour toute personne se rendant coupable de divulgation « de secrets [relatifs] à la sûreté nationale ». « On ne pourra pas avoir ni donner de détails sur les dépenses du président ni de détails sécuritaires, par exemple », a précisé Zied Dabbar, chargé des relations extérieures du SNJT.

Néji Bghouri a aussi pointé le retrait sans explication par les autorités d'un projet de loi devant élargir l'accès à l'information. « On espère bien que le gouvernement revoit sa copie, revoit vraiment cette proposition et présente, les prochains mois, une loi qui respecte l’article 121 de la Constitution qui stipule le droit de l’information à tout citoyen », a déclaré Zied Dabbar.

Contre le retour à un « Etat dictatorial »

La représentante de Reporter sans frontières (RSF), Yasmine Kacha, a de son côté évoqué « les poursuites judiciaires de plus en plus nombreuses contre les journalistes » et « la pression du politique ». « Pour l'instant nous ne voulons pas dire [qu'il s'agit d'] une politique systématique malgré de nombreux indicateurs » allant dans ce sens, a dit Néji Bghouri, en mettant en garde contre le retour à un « Etat dictatorial ».

Le responsable du SNJT a encore appelé les journalistes tunisiens à la vigilance, relevant que certains d'entre eux étaient revenus à des pratiques « très dangereuses » et courantes pendant la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir de novembre 1987 à janvier 2011. Il a donné l'exemple d'un quotidien qui s'est demandé s'il ne fallait pas juger les députés n'ayant pas voté la loi antiterroriste, et d'une chaîne ayant marqué les six mois de l'élection du président Béji Caïd Essebsi. « Malheureusement, il y a une mentalité générale [...] en Tunisie, une mentalité non démocratique et une culture de l'acceptation de l'asservissement, c'est-à-dire qu'il y a une culture au sein des médias en vertu de laquelle des gens sont prêts à être menés comme des esclaves », a lancé Néji Bghouri.

Le président Caïd Essebsi, élu en décembre 2014, s'est engagé à maintes reprises à protéger la liberté d'expression. Ses détracteurs l'accusent cependant de s'être entouré de personnalités issues du régime de Ben Ali et disent craindre un retour à des pratiques autoritaires.

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