L’Afrique du Sud commémore, ce dimanche 16 août, la tragédie de Marikana, ville minière du nord-est du pays, où le sang a coulé, il y a tout juste trois ans. Quarante-quatre mineurs en grève illégale, dont 34 abattus par la police, avaient trouvé la mort au cours de la journée.
Ce massacre sans précédent depuis la fin de l'apartheid sera vécu par beaucoup de Sud-Africains comme une trahison de l'ANC. La tragédie est commémorée, à Marikana, à l'initiative de l'AMCU, syndicat dissident des mineurs sud-africains.
Ils sont plusieurs milliers à s’être réunis, cette année encore, à l’endroit même où leurs camarades sont tombés sous les balles de la police, il y a trois ans à Marikana. Beaucoup de mineurs portent le tee-shirt vert du syndicat AMCU, le syndicat radical à l’origine de la grève de 2012. On y entend beaucoup de chants de lutte et beaucoup de témoignages de colère et d’inquiétude, de la part des mineurs.
De la colère car la justice n’a pas été rendue, selon eux. Les proches des mineurs tués par la police ont lancé, cette semaine, un recours au civil pour obtenir des dédommagements car « beaucoup vivent encore dans la précarité », rappelle-t-on lors de cette cérémonie. « Ces familles doivent être indemnisées. Elles ont souvent perdu un chef de famille et parfois leurs enfants ne peuvent même plus aller à l'école faute d'argent... Et la compagnie minière n'a jamais rien voulu payer. » Les mineurs blessés par la police demandent, eux aussi, des réparations financières.
A Marikana, on souhaite également que les responsables de la tuerie soient nommés et punis. Le nom du vice-président, Cyril Ramaphosa, a notamment été hué plusieurs fois à la tribune. Trois ans plus tard, la commission chargée d'enquêter sur le massacre a rendu des conclusions décevantes et très critiquées par les mineurs, qui cherchent toujours des réponses à leurs questions. « La Commission Farlam n'a pas pu nous dire qui est responsable... Donc nous recherchons toujours la justice. La justice n'a pas encore été rendue. En fait, on veut que quelqu'un soit mis derrière les verrous pour ce massacre. Parce qu'il y a forcément un responsable », souligne quelqu'un dans le public.
Ceux qui restent veulent croire que les 44 mineurs, tués en 2012, ne sont pas morts pour rien. Effectivement, les mineurs du platine ont finalement obtenu, l’année dernière, une augmentation progressive de leur salaire mais l’inquiétude reste vive puisque la compagnie Lonmin qui les emploie a annoncé, récemment, 6 000 suspensions d’emploi. Cette annonce vient renforcer le sentiment que l’Etat sud-africain a abandonné les mineurs à Marikana.
Pas d’invitation pour les représentants de l’ANC
Les représentants de l’ANC n’ont pas été invités pour cette commémoration à Marikana. En revanche, les deux chefs des deux principaux partis d’opposition ont été vus à la tribune.
Le leader de l’Alliance démocratique, Mmusi Maimane, a appelé à la démission immédiate de la chef de la police, mise en cause par la commission d’enquête sur le drame de Marikana. Elle est toujours en poste, aujourd’hui. Quant au leader du parti de gauche radical EFF, Julius Malema, ce dernier a demandé à ce que les familles de mineurs morts, reçoivent chacune 700 000 euros de dédommagements.
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