Gabon : Omar Bongo Ondimba, des coupures et de la dentelle

le 18/08/2015 18:10:49
Gabon

MystĂ©rieuses, objets de crainte et de fantasmes, les rĂ©sidences des chefs d'État et ce qu'y font leurs locataires ne laissent personne indiffĂ©rent. TroisiĂšme article d'une sĂ©rie en 15 Ă©pisodes.

Les visiteurs qui se risquaient chez Omar Bongo Ondimba espĂ©raient beaucoup du « Boss ». Notamment en termes financiers. «Tous les soirs, on en voyait venir avec le sac vide et repartir le sac plein [d’argent]. Moi, Ali, j’étais dans un coin, car c’était la maison de mon pĂšre ! Je prĂ©parais le sac et je voyais tout. On me disait : “Tu vois, mais tu ne dis rien.” » Les histoires d’argent de la présidence Omar Bongo Ondimba, son fils et d’autres témoins pourraient en raconter de belles. Selon la légende, le malicieux Omar avait la manie d’enregistrer ces moments où, dans le secret de son bureau truffé de caméras, le visiteur recevait ledit sac
 Certains étaient parfaitement informés de ce risque mais n’en avaient cure. L’homme donnait en quelques minutes – compte non tenu des heures passées dans sa salle d’attente – plus d’argent que l’on pouvait espérer en gagner en dix ans, voire plus
 Cela valait bien quelques sacrifices.
Les gens savaient pour les camĂ©ras, mais qui connaissait toutes les facĂ©ties du « doyen » ? Selon Ivette Santa Maria, une miss PĂ©rou invitĂ©e en 2004 Ă  sĂ©journer Ă  Libreville, le bureau disposait aussi d’un systĂšme de portes coulissantes ouvrant sur une chambre Ă  coucher
 Seulement, la reine de beautĂ© n’en avait pas Ă©tĂ© avertie par les organisateurs du voyage, trop pressĂ©s de plaire au prĂ©sident. Elle prit ses jambes Ă  son cou et fit un scandale planĂ©taire. Combien d’autres femmes du monde politique ou de la presse, notamment, ont-elles en revanche expĂ©rimentĂ© ce changement de dĂ©cor sans jamais s’en plaindre publiquement ?

Un président prodigue

Connu pour sa gĂ©nĂ©rositĂ©, le « Boss » pouvait mĂȘme se montrer prodigue. Un cĂ©lĂ©brissime mannequin qui aimait les diamants dut ainsi condescendre Ă  accepter 1 million d’euros en grosses coupures, selon les cancans du palais


Ce penchant du maĂźtre pour les femmes valut quelques ennuis au couturier italien Francesco Smalto. Deux fois par ans, Bongo pĂšre affrĂ©tait un avion de la compagnie nationale pour acheminer au palais quelque 70 valises bourrĂ©es de piĂšces des collections Smalto. Voyageant en premiĂšre classe, des escort girls (blondes de prĂ©fĂ©rence) Ă©taient payĂ©es gĂ©nĂ©reusement entre 5 000 et 15 000 euros pour passer du salon de prĂ©sentation des costumes sur mesure Ă  la chambre Ă  coucher. En 1995, le couturier fut condamnĂ© pour proxĂ©nĂ©tisme aggravĂ© Ă  Paris et l’affaire crĂ©a une crise diplomatique entre la France et le Gabon. Ah, si les murs parlaient !


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