MystĂ©rieuses, objets de crainte et de fantasmes, les rĂ©sidences des chefs d'Ătat et ce qu'y font leurs locataires ne laissent personne indiffĂ©rent. TroisiĂšme article d'une sĂ©rie en 15 Ă©pisodes.
Les visiteurs qui se risquaient chez Omar Bongo Ondimba espĂ©raient beaucoup du « Boss ». Notamment en termes financiers. «Tous les soirs, on en voyait venir avec le sac vide et repartir le sac plein [dâargent]. Moi, Ali, jâĂ©tais dans un coin, car câĂ©tait la maison de mon pĂšre ! Je prĂ©parais le sac et je voyais tout. On me disait : âTu vois, mais tu ne dis rien.â » Les histoires dâargent de la preÌsidence Omar Bongo Ondimba, son fils et dâautres teÌmoins pourraient en raconter de belles. Selon la leÌgende, le malicieux Omar avait la manie dâenregistrer ces moments ouÌ, dans le secret de son bureau truffeÌ de cameÌras, le visiteur recevait ledit sac⊠Certains eÌtaient parfaitement informeÌs de ce risque mais nâen avaient cure. Lâhomme donnait en quelques minutes â compte non tenu des heures passeÌes dans sa salle dâattente â plus dâargent que lâon pouvait espeÌrer en gagner en dix ans, voire plus⊠Cela valait bien quelques sacrifices. Les gens savaient pour les camĂ©ras, mais qui connaissait toutes les facĂ©ties du « doyen » ? Selon Ivette Santa Maria, une miss PĂ©rou invitĂ©e en 2004 Ă sĂ©journer Ă Libreville, le bureau disposait aussi dâun systĂšme de portes coulissantes ouvrant sur une chambre Ă coucher⊠Seulement, la reine de beautĂ© nâen avait pas Ă©tĂ© avertie par les organisateurs du voyage, trop pressĂ©s de plaire au prĂ©sident. Elle prit ses jambes Ă son cou et fit un scandale planĂ©taire. Combien dâautres femmes du monde politique ou de la presse, notamment, ont-elles en revanche expĂ©rimentĂ© ce changement de dĂ©cor sans jamais sâen plaindre publiquement ?
Un président prodigue
Connu pour sa gĂ©nĂ©rositĂ©, le « Boss » pouvait mĂȘme se montrer prodigue. Un cĂ©lĂ©brissime mannequin qui aimait les diamants dut ainsi condescendre Ă accepter 1 million dâeuros en grosses coupures, selon les cancans du palaisâŠ
Ce penchant du maĂźtre pour les femmes valut quelques ennuis au couturier italien Francesco Smalto. Deux fois par ans, Bongo pĂšre affrĂ©tait un avion de la compagnie nationale pour acheminer au palais quelque 70 valises bourrĂ©es de piĂšces des collections Smalto. Voyageant en premiĂšre classe, des escort girls (blondes de prĂ©fĂ©rence) Ă©taient payĂ©es gĂ©nĂ©reusement entre 5 000 et 15 000 euros pour passer du salon de prĂ©sentation des costumes sur mesure Ă la chambre Ă coucher. En 1995, le couturier fut condamnĂ© pour proxĂ©nĂ©tisme aggravĂ© Ă Paris et lâaffaire crĂ©a une crise diplomatique entre la France et le Gabon. Ah, si les murs parlaient !âŠ
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