Centrafrique : le Sénat au centre du débat
le 01/09/2015 17:03:55
Centrafrique

En République centrafricaine, le Conseil national de transition (CNT) a adopté ce week-end un projet de nouvelle Constitution, qui devrait être soumis à référendum le 4 octobre prochain. Mais à peine adopté, ce texte suscite déjà des débats au sein de la classe politique qui ne s'accorde pas. En cause notamment : le projet de création d'un Sénat.

D'après le projet de Constitution centrafricaine, le mandat du président dure cinq ans et ne peut être renouvelé qu'une seule fois. Le texte prévoit une série de dispositions encadrant la liberté de la presse et donne des garanties sur le droit au rassemblement pacifique. Il crée une cour pénale spéciale chargée « de juger les crimes les plus graves ». Et sur le plan institutionnel, il prévoit enfin la création d'un Sénat.

« Manque un relais »

Ce dernier point est positif, estime Martin Ziguélé, le président du Mouvement de libération du peuple centrafricain et candidat à la prochaine présidentielle. « Mon parti a toujours soutenu l’idée de création d’un Sénat, rappelle-t-il. C’est tiré de l’expérience malheureuse que nous vivons depuis deux ou trois ans avec la crise dans notre pays. Nous avons constaté qu’il manque un relais entre l’administration et la population. »

Selon lui, le Sénat pourra assurer un lien entre la population et Bangui. « Vous savez, dit M. Ziguélé, il n’y a pas de chefferie traditionnelle dans notre pays comme ailleurs. Et en cas de crise, le dialogue entre l’administration et la population se fait par des canaux improvisés, qui ne sont pas institutionnalisés, qui ne sont pas innés. Je crois que la création d’un Sénat se justifie pour rapprocher davantage les autorités politiques, administratives, qui sont à Bangui, de la population par le biais des chefs des autorités locales. »

« Quasiment malhonnête »

Selon Martin Ziguélé, il faut donc « voir les choses comme des réponses institutionnelles qui sont apportées à des carences, à des défaillances, à des dysfonctionnements qui sont en partie à l’origine de la crise que nous vivons ». Mais cette disposition frustre néanmoins certains partis, à l'image de la Convergence Kwa na Kwa. Christian Guenebem, le porte-parole de cette formation, rappelle que ce projet avait été unanimement abandonné il y a quelques semaines. Il s'étonne de le voir finalement figurer dans le texte.

« Nous sommes surpris que de manière, je dirais, quasiment malhonnête, dans le projet final qui a été adopté (ce week-end), on ait fait ressusciter le Sénat, que l’ensemble de la classe politique, de la société civile, ont rejeté, dénonce M. Guenebem. Ce n’est pas de nature à instaurer la confiance, parce que les arguments présentés, qu’il était question de pouvoir recycler une partie du personnel politique, n’ont pas été de nature à convaincre les différentes parties prenantes à la discussion. »

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