Afrique, Ouest : Des ONG africaines proposent la codification du principe d' ingérence humanitaire
le 11/04/2011 16:30:31
Afrique, Ouest

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Xinhua
DAKAR, 9 avril (Xinhua) -- Des ONG africaines ont pris la résolution d'oeuvrer pour une codification du principe d'ingérence humanitaire pour empêcher la systématisation du crime.

Cette résolution prise au cours d'une conférence publique à Dakar, découle du constat que dans la crise en Côte d'Ivoire, la justice pénale internationale, à elle seule, ne suffit plus.

La situation en Côte d'Ivoire est grave "avec plus de 800 morts à Duékoué, plusieurs charniers découverts dans différents endroits du pays. On compte également plus de 1 millions de personnes déplacées", explique l'ivoirien Traoré Wodjo Fini, président du club africain des droits de l'homme.

Les ONG proposent donc que le principe d'ingérence humanitaire soit un principe général et impersonnel et que des conditions claires de sa mise en oeuvre soit établies afin que nul n'en ignore.

"On avait pensé qu'avec l'avènement de la Cour pénale internationale (CPI), l'humanité allait faire sa mue, qu'on assisterait plus à la systématisation du crime", relève Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue Sénégalaise des droits humains (LSDH).

Mais, constate-t-il avec les autres ONG, ce qui vient de se passer en Côte d'Ivoire est la preuve que la justice pénale internationale ne suffira pas.

Alors, estime le président de la LSDH, "l'un des principes qui peut s'allier avec cette justice pénale internationale, c'est indiscutablement le principe d'ingérence humanitaire".

Cependant, soulignent les ONG, ce principe est, aujourd'hui, controversé dans son usage. C'est pourquoi, les ONG demandent que le principe ne soit sous-tendu ni par des idéologies ni par des intérêts politiques ou économiques.

Selon Alioune Tine, le président de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO), le blocage de l' intervention de l'ONUCI et de la force française Licorne en Côte d' Ivoire résulte du conflit entre le principe de souveraineté qu' invoquent souvent les dictateurs pour opprimer leur peuple, et celui d'ingérence humanitaire.

Or, dit-il, "c'est le principe d'ingérence humanitaire et démocratique, reconnu par les Nations Unies, qui limitent les principes de souveraineté parce que quasiment la Côte d'Ivoire est sous tutelle".

Selon ces ONG, demander l'arrêt de l'intervention militaire en Côte d'Ivoire sous prétexte du principe de souveraineté des Etats est synonyme de non assistance à un peuple en danger.

Pour Me Ndiaye, les compétences de la Cour pénale internationale sont réunies en Côte d'Ivoire parce qu'il a eu des crimes de génocide, comme au Rwanda.

La Cedeao, l'UA et la communauté internationale doivent s' assumer selon ces ONG pour imposer la paix coûte que coûte pour ainsi éviter une catastrophe humanitaire en Côte d'Ivoire.

Quant à la codification du principe d'ingérence humanitaire, les ONG proposent que des conditions claires de sa mise en oeuvre soient établies. Et que partout à travers le monde que ce principe puisse s'appliquer pour prévenir.

Ce principe n'a pas de sens s'il intervient après que de crimes massifs soient commis comme c'est le cas en Côte d'Ivoire. Il ne peut avoir de portée réelle que si sa mise en oeuvre intervient avant l'intervention des crimes graves, explique le président de la LSDH.

"Nous estimons que c'est un principe qui peut être dissuasif et que le Conseil de sécurité, dès lors que les conditions établies à l'avance seront réunies, pourra lancer un ultimatum aux protagonistes pour leur dire que si jamais telle situation ne se résolve pas, la communauté internationale va intervenir militairement", a dit l'avocat.

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