C'est à un spectacle peu ordinaire qu'ont assisté vendredi après-midi les populations, près de la ville soudanaise de Hamdait, dans le triangle de la triple frontière entre le Soudan, l'Ethiopie et l'Erythrée. Près de 700 rebelles éthiopiens en armes et en uniformes étaient rassemblés dans les champs. Tous venaient de déposer leurs armes et de se rendre aux autorités soudanaises. Ils venaient de traverser l'une des frontières les plus surveillées d'Afrique, celle avec l'Erythrée, d'où ils menaient depuis plus de dix ans des opérations contre le frère ennemi éthiopien.
En pantalons d'uniformes, survêtements, ou polos dépareillés, plusieurs centaines d'hommes sont sagement assis dans les champs, appuyés sur leur kalachnikov, et désarmés calmement par des soldats soudanais.
Sur les photos diffusées sur les réseaux sociaux, c'est ainsi que l'on voit les soldats du plus important mouvement rebelle éthiopien, le Mouvement démocratique du peuple du Tigré, plus connu sous son acronyme Tigrinya Dem'hit, après leur fuite hors d'Erythrée ce vendredi. À leur tête, leur chef le général Mola Asgedom, qui signait ainsi sa défection, avec 683 de ses hommes.
On ignore encore les raisons de cette désertion de masse spectaculaire. Des dissensions sur le commandement de la rébellion seraient à l'origine du mécontentement du général Asgedom. L'homme politique Berhanu Nega, un civil, aurait été préféré par l'Erythrée pour commander la grande coalition de mouvements armés éthiopiens, annoncée la semaine dernière à Asmara.
Sa reddition est un désaveu pour le gouvernement érythréen, mais aussi une perte pour ses forces de sécurité. Les soldats du Dem'hit servent en effet de milice supplétive au président Issayas Afeworki, qui n'a plus guère confiance dans sa propre armée. Ce sont elles qui mènent le plus souvent les opérations de police, et les rafles de conscrits dans les villes érythréennes.
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