Sénégal : Deuxième semaine du procès Hissène Habré: l'impatience des victimes
le 14/09/2015 15:05:46
Sénégal

A Dakar, s'ouvre ce lundi 14 septembre la seconde semaine du procès Habré. L'ancien président est jugé par une cour extraordinaire pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de tortures. Après avoir critiqué ouvertement la chambre, Hissène Habré est depuis, silencieux. Cette semaine, les premières victimes de son régime devraient être auditionnées.

Hissène Habré va-t-il rester silencieux, lui le contradicteur, l'intellectuel ? Va-t-il réussir à rester de marbre face aux accusations, aux témoignages ? Pour Jacqueline Moudeina, l'ancien président est en tout cas à l'écoute. « Finir par craquer, nous ne savons pas, parce que c'est un monsieur assez téméraire, assure à RFI l'avocate des victimes. Mais on voit qu'il produit des gestes de pied, des gestes de la tête... Tout cela nous dit qu'il se replonge très bien dans son règne de huit années. »

Entendre les victimes, entendre les exactions commises, la terreur. Du côté des avocats commis d'office qui défendent M. Habré, ce n'est pas une crainte. Maitre Mbaye Sène estime en effet que les témoins entendus en première semaine ont fragilisé l'accusation. Pour lui, les témoins « n'ont rien apporté. A la fin, quand il ne restera que les prétendues victimes, vous pensez qu'en droit, c'est ce que l'on appelle des preuves ? »

Ces premiers jours du procès ont été difficiles pour Souleymane Ngengeng, l'un des membres fondateurs de l'association des victimes. Lui n'attend qu'une chose : se retrouver en face d'Hissène Habré. « Le premier jour, j'ai fait couler des larmes, confie-t-il. Nous luttons pour obtenir cette justice équitable et cela permettra à toutes les victimes de faire leur deuil et pourquoi pas [espérer] une réconciliation sincère et franche, basée sur une vérité. »

Même si le jugement ne permettait pas de faire « craquer » Hissène Habré, le président de l'association des victimes, Clément Abaifouta, estime que l'existence même de ce procès est déjà une victoire et un message envoyé à tous les despotes. « Aujourd'hui, au Sénégal, aujourd'hui en Afrique, aujourd'hui dans le monde entier, nul ne peut ignorer l'étendue des horreurs que le peuple tchadien a subies de 1982 à 1990, sous le joug d'Hissène Habré et la violence de son pouvoir. Faire connaître nos récits, c'est faire comprendre à tous les despotes aujourd'hui encore au pouvoir qu'un jour, comme Habré, ils feront face à la justice. »

Au total, 4500 victimes sont à l'origine de la plainte contre Hissène Habré. Une centaine d'entre elles doit être entendue par la Cour.

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