Le président français est attendu à Tanger ce samedi pour une « visite de travail et d'amitié » à l'invitation du roi Mohammed VI. Un déplacement principalement axé sur les questions économiques et climatiques. Mais surtout censé enterrer définitivement la brouille diplomatique entre Paris et Rabat, provoquée l'an dernier par la convocation par un juge français du chef des renseignements marocains, visé par une plainte pour torture.
François Hollande se déplace pour la seconde fois au Maroc, après sa visite d’Etat en 2013, et l’Elysée veut bien le concéder : « C’est une visite un peu particulière, dans une relation particulière ». Serait-ce donc le voyage de la réconciliation ? L’Elysée jure que cette page est tournée depuis le mois de mai.
Paris, c’est vrai, a fait quelques concessions de poids pour calmer la colère du Maroc, comme la nouvelle convention judiciaire, qui heurte les défenseurs des droits de l'homme, ou la Légion d'honneur promise au chef des renseignements marocains. Mais François Hollande ne le décorera pas lui-même.
La page est tournée et la relation France-Maroc a survécu, mais personne au fond n'en doutait vu l'intensité des échanges économiques et humains. Les deux « Marocaines » du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education, et Myriam El Khomri, la ministre du Travail, qui est née à Tanger, accompagneront François Hollande.
Depuis la brouille, les relations franco-marocaines auraient même gagné « en intensité » et « en maturité », selon un conseiller du président français. On en aurait ainsi fini avec « le soupçon d'un certain paternalisme », quand Jacques Chirac, selon la légende, faisait sauter sur ses genoux le jeune prince héritier.
Un partenariat économique « d'exception »
Côté marocain, la visite du président français était attendue pour plusieurs raisons. A forte portée économique, cette visite va permettre au Maroc d’exhiber les plus beaux atours de sa coopération avec la France : ligne à grande vitesse, usine Renault… La ville de Tanger est la vitrine idéale pour illustrer ce partenariat avec la France, qu’on aime à dire d’exception. Premier partenaire commercial du Maroc avec ses 700 filiales implantées dans le royaume et ses débouchés sur le continent africain.
Cette visite, censée rendre la pareille à la rencontre de février dernier à l’Elysée avec le roi Mohammed VI sonne aussi sur le plan diplomatique comme un gage de confiance exprimé par Rabat qui souhaite désormais être considéré comme un allié de premier plan, notamment sur le volet sécuritaire, par l’échange de précieuses informations en matière de lutte antiterroriste.
Enfin, le déplacement du président français permet aussi de clore définitivement la méfiance d’antan sur de supposées accointances des leaders socialistes avec le rival algérien. La rencontre de François Hollande avec Abdelaziz Bouteflika en juin dernier avait été assez mal perçue à Rabat. La durée du séjour de François Hollande et le rythme des rencontres doit ainsi enterrer définitivement la mésentente.
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