Tchad : Les candidats à l'élection présidentielle prônent tous la "renaissance"
le 13/04/2011 18:33:03
Tchad

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Xinhua
N'DJAMENA, 12 avril (Xinhua) -- Avec la "renaissance dans la continuité" d'Idriss Déby Itno, la "renaissance dans la stabilité" de Pahimi Padacké Albert et la "renaissance avec la jeunesse" de Nadji Madou, les candidats au scrutin du 25 avril prochain rêvent tous d'un Tchad égalitaire.

Depuis le lancement de la campagne électorale, le 4 avril dernier, les trois candidats multiplient les meetings et caravanes à travers tout le pays. A chaque étape, ils sortent les mêmes promesses pour séduire l'électorat.

Candidat à sa propre succession, Idriss Déby Itno met en avant le bilan de ses 20 années passées à la tête du pays. Au " quinquennat du social" (2006-2011), il promet un autre " quinquennat du développement". Pour y parvenir, il bâtit son programme de gouvernement autour de quatorze axes.

Le candidat de la "renaissance de la Nation tchadienne" se fait apôtre de la paix. Il veut construire "un Tchad uni et en paix". Cette quiétude indispensable pour le développement passe par "une armée entraînée, bien équipée, capable de mettre en échec les tentatives de déstabilisation et protéger nos institutions démocratiques". La politique de la main-tendue du dialogue sera maintenue.

Sa deuxième priorité est l'agriculture et l'élevage. " L'agriculture et l'élevage seront les bases du développement économique du Tchad. L'Etat soutiendra la modernisation de la production dans ces secteurs par la subvention ou la défiscalisation des moyens de la production", promet le président sortant. Pour garantir l'autosuffisance alimentaire et éviter la vie chère, il entend poursuivre l'aménagement des périmètres irrigués, encourager et encadrer les opérateurs locaux pour créer des industries de transformation liées à l'agriculture, l'élevage, la pêche et l'artisanat.

Le président sortant continuera à désenclaver le pays. "Plus de dix localités bénéficient ou bénéficieront d'aéroports secondaires d'ici 2015", promet-il. Le tout sera couronné par le prolongement au Tchad des voies de chemin de fer du Cameroun et du Soudan.

L'accès à l'habitat, au transport urbain et interurbain et à des infrastructures de sports et de loisirs, font partie intégrante du projet de société d'Idriss Déby Itno. "Des lotissements viabilisés seront mis à la disposition des ménages". "La construction des installations sportives (stades, hippodromes) déjà amorcée dans plusieurs localités sera poursuivi de manière à doter tous les grands centres d'équipements sportifs répondant aux normes".

Le chef de l'Etat sortant promet aussi de rendre la couverture sanitaire plus dense "pour offrir des soins gratuits ou à faible coût et de bonne qualité aux patients". L'éducation sera gratuite et de bonne qualité pour "permettre aux jeunes de prendre en main les industries et les services publics et privés du pays". Des emplois seront créés par la mise en place des mesures incitatives pour la création des entreprises.

Le candidat de la renaissance du Tchad envisage aussi créer une structure gouvernementale spécialisée pour gérer les Tchadiens vivant hors du pays. La modernisation et la professionnalisation des forces de défense et de sécurité seront poursuivies. Enfin, il entend "améliorer les conditions de travail et moraliser l'administration publique".

Nadji Madou, quant à lui, veut remettre tout à plat pour faire un Tchad nouveau. Le candidat de l'Alliance socialiste pour un renouveau intégral (Asri) assume les tares du passé d'où son slogan "Pour l'avenir, j'assume". Son projet de société est basé sur deux axes: la reforme des trois pouvoirs et les grandes politiques.

S'il est élu, Nadji Madou modifiera la Constitution pour reconfigurer le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire. "Le pouvoir législatif sera exercé par une assemblée parlementaire. Celle-ci sera composée des députés représentant les départements et les grandes villes de manière proportionnelle en fonction de la taille numérique des collectivités. Les Tchadiens de l'étranger seront représentés", suggère-t-il.

L'exécutif restera bicéphale (un président et un gouvernement). Le président de la République sera élu pour un mandat unique de sept ans (contre cinq actuellement) et assisté d'un vice-président qui s'occupera essentiellement des questions sociales et du développement durable. Une grande partie de ses pouvoirs de nomination reviendra au Premier ministre. Nadji Madou imagine un gouvernement de 20 membres. "En dehors des ministères de souveraineté, prévient-il, l'occupation d'un ministère technique fera l'objet d'un appel à candidature ouverte à tous les techniciens des domaines concernés ayant rempli certains critères".

Quant au pouvoir judiciaire, le candidat de Asri préconise de le "confier à une autorité judiciaire unique mais diversifiée". Le Conseil constitutionnel et la Haute cour de justice seront supprimés et leur rôle reviendra au pouvoir judiciaire. Le pouvoir de conciliation de la police, de la gendarmerie et des autorités traditionnelles sera supprimé, etc.

Sur les grandes politiques à mener, c'est dans le domaine de la protection sociale que le candidat Nadji Madou se démarque des deux autres. Elle sera placée sous la haute personnalité du vice- président de la République. La question sociale est la pierre angulaire de sa politique. "Nous mettrons sur pied les caisses d' allocations familiales pour tous les travailleurs publics et privés. Des logements sociaux seront créés en ville pour les couches démunies (..) Une loi sur le logement sera prise dès notre entrée dans les affaires", promet-il.

Pour assurer la santé pour tous, une carte de santé des jeunes de 15 à 25 ans et de la femme sera instaurée, ouvrant droit à la gratuité d'une consultation par un médecin généraliste référent avec accès à une prévention et des soins adaptés. Le plus jeune des candidats aux présidentielles du 25 avril réserve une place de choix à la jeunesse. "Nous déciderons que les jeunes occupent 50% des places dans tous les domaines. Une loi organique sera prise pour déterminer les modalités de cette participation", rassure-t- il.

Pahimi Padacké Albert, enfin, est le "candidat de la jeunesse pour le changement". Le leader du Rassemblement national des démocrates tchadiens (Rndt-Le Réveil) surfe sur le renouvellement de la classe politique. "Pour arriver au changement souhaité, il faut passer par le renouvellement de la classe politique tchadienne dans son ensemble pour libérer les énergies et de responsabiliser une nouvelle génération d'hommes et de femmes politiques capables d'une nouvelle vision pour le Tchad (..). Le renouvellement de la classe politique libérera les énergies pour l' édification d'un Tchad nouveau, d'un Tchad uni, d'un Tchad de paix,d'un Tchad prospère", espère-t-il.

Pour Pahimi Padacket, le changement passe aussi par la révision de la Constitution pour limiter le nombre de mandats du président de la République à deux, réinstaurer le Sénat et plusieurs ordres de juridictions coiffées par une cour de cassation, un conseil d' Etat et une cour des comptes, par la reforme et la promotion de la justice en vue d'établir l'égalité entre les citoyens et par l' instauration de l'anglais comme langue officielle aux côtés de l' arabe et du français.

Pour lutter contre la pauvreté ambiante, Pahimi Padacké Albert envisage la création de 500 000 emplois au profit des jeunes diplômés et réduire le taux d'intérêt qui frappe les crédits pour promouvoir l'auto-emploi. Les infrastructures ferroviaires, routières et la fibre optique seront développées pour sortir le Tchad de son enclavement chronique.

Au plan social, jeunesse, culture et sport, le leader du Rndt- Le Réveil suggère l'instauration d'un programme national d' alphabétisation fonctionnelle qui touche tous les recoins du Tchad. Il faut aussi promouvoir l'emploi de façon générale, celui des jeunes en particulier, par une approche éducative en adéquation avec la demande du marché tout en oeuvrant pour la promotion de l' auto-emploi par l'octroi des micro-finances aux jeunes.

Face à toutes ces promesses, l'électeur tchadien n'est point bouleversé. "Ces politiciens nous ont tellement roulés dans la farine que nous ne croyons plus à leurs projets de société", pense Ahmat Djimasra, un habitant de la capitale. "D'ailleurs, tout ce spectacle que nous sert les trois candidats ne sert à rien. Tout le monde sait que le président sortant sera reconduit sans problème", ajoute-t-il.

L'opposition, quant à elle, appelle les Tchadiens à boycotter le scrutin du 25 avril prochain. "Le peuple doit rester vigilant et, comme en 2006, refuser massivement de cautionner une vaste mascarade programmée qui est la seule marque de ce régime usé par vingt années de pouvoir et se refuse obstinément à instaurer la démocratie", a déclaré à Xinhua Saleh Kebzabo, un des trois opposants qui se sont retirés de la course à la présidentielle.

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