L'Assemblée nationale et le Sénat étaient réunis en Congrès, ce lundi, à Bujumbura, pour discuter du déploiement d’une force militaire de l'Union africaine. Dimanche, plusieurs responsables de l'exécutif s'était prononcés contre. Le Parlement a dénoncé l'annonce de l'UA.
Dans sa déclaration finale, le Congrès a exhorté le gouvernement burundais à « ne pas hypothéquer la souveraineté » du pays en cédant à l'Union africaine. Il a aussi rappelé le principe de « non ingérence d'un Etat membre (de l'UA) dans les affaires intérieures d'un autre membre ».
Le Parlement a également tenu à « rassurer l'Union africaine qu'il n'y a pas de génocide en préparation ou en cours » au Burundi, estimant que les mises en garde de la communauté internationale contre un possible génocide n'étaient que des rumeurs sans fondement.
GĂ©nocide
L'Union africaine avait déclaré qu'elle ne laisserait pas un nouveau génocide se produire sur son sol, après la mort d'une centaine de personnes en réaction à des attaques contre des positions des forces de sécurité burundaises, les 11 et 12 décembre derniers, à Bujumbura.
C'est l'usage du mot « génocide » qui semble avoir le plus irrité les députés et sénateurs, notamment ceux du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, qui disent avoir parlé, dans les débats, de manipulation de l'opinion publique par des politiciens burundais, les médias étrangers et même certaines chancelleries.
La très grande majorité de ces députés et sénateurs se sont prononcés - soit dans leurs interventions, soit après le débat - contre l'envoi des troupes de l'Union africaine. Leur déploiement par la force serait considéré comme « une force d'invasion que le peuple burundais se devrait de combattre », a même dit le porte-parole du parti au pouvoir qui est lui-même député.
Voix dissonantes
Parmi les interventions dissonantes, un député de l’Union pour le progrès national (Uprona) a jeté un froid en soulevant la question de la constitutionnalité de la convocation du congrès qui n'aurait respecté ni la procédure, ni les délais prévus.
Des députés de la coalition Amizero du vice-président de l'Assemblée nationale, Agathon Rwasa, ont pour leur part déclaré qu'ils auraient souhaité d'autres débats sur le sujet et que la question de la protection de la population, y compris de leurs membres, était une question cruciale. Eux ne se disent pas contre le déploiement de cette force, mais précisent qu'il faudrait que l'Union africaine en parle avec le gouvernement.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui a autorisé cette mission, a donné jusqu'à ce mardi à Bujumbura pour accepter ce déploiement, faute de quoi le bloc panafricain prendrait des « mesures supplémentaires » pour s’assurer qu’il ait lieu.
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