A Djibouti, selon l’opposition, une manifestation culturelle aurait été réprimée dans la nuit de dimanche à lundi 21 décembre, à Balbala, en périphérie de la capitale. La police aurait tiré à balles réelles faisant au moins 25 morts, selon l’Union pour le salut national (USN) et plus d’une centaine de blessés. Lundi après-midi, la police aurait également ouvert le feu lors d’une réunion de la coalition d’opposition de l’USN. Plusieurs de ses dirigeants auraient été arrêtés et d’autre grièvement blessés.
Selon l’opposition, tout a commencé par l’interdiction d’une cérémonie traditionnelle, suivie d’une intervention violente des forces de l’ordre. Les autorités n’ont cependant pas confirmé, pour l’instant, cette information. L’Union pour le salut national (USN), la principale coalition d’opposition avance des bilans très lourds mais contradictoires.
« Une communauté djiboutienne célébrait une fête, à la fois religieuse et tribale, rapporte Maître Zakaria Abdillahi, président de la Ligue djiboutienne des droits humains. Il paraît que ce (lundi) matin, à 4h, des éléments de la police sont intervenus pour les disperser alors qu’ils étaient en train d’organiser une fête pour manger et lire le Coran. Donc, cela n’avait rien à voir avec l’opposition politique. (...) C’est tout un arsenal militaire qui a été utilisé, à savoir des chars, des blindés et autres », a déclaré à RFI le président de la Ligue djiboutienne des droits humains.
Si les représentants de l'USN en France parlent de 19 victimes, le bilan serait plus lourd, selon Ibrahim Kadar Abdi, chargé de communication du parti, à Djibouti. « Le gouvernement a déployé une force impressionnante, a fait usage de gaz lacrymogène et a même tiré à balles réelles. On dénombre exactement 25 morts et plus de 150 blessés au niveau de la population », estime-t-il.
Intervention policière lors d'une réunion politique
La coalition d’opposition affirme également que son bureau exécutif a fait l’objet d’une intervention policière, plus tard lundi après-midi. « Alors que la réunion de l’USN se tenait paisiblement, la police a fait irruption et a fait usage de gaz lacrymogène et tiré à balles réelles sur les membres du Haut Conseil de l’USN », indique Ibrahim Kadar Abdi.
Là encore, pas de confirmation officielle de ces incidents, mais l'opposition parle de plusieurs blessés, dont le président de la coalition, un ancien ministre, ainsi qu’un jeune député qui se trouverait entre la vie et la mort. Le secrétaire général ainsi que le porte-parole de l’USN auraient également été arrêtés.
La coalition dénonce une volonté de faire taire l’opposition à moins de cinq mois du scrutin présidentiel. Une situation d’une « gravité extrême », selon la Ligue djiboutienne des droits de l’homme qui dénonce, depuis plusieurs mois, la multiplication des arrestations d’opposants, à l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2016. L’actuel président, Ismaïl Omar Guelleh, s’est récemment déclaré candidat pour un quatrième mandat.
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