Le Conseil de sécurité de l’ONU a reçu, le 6 janvier dernier, un mémo écrit par le chef des opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous. Il fait le point sur la situation politique, économique et sociétale très fragile du Burundi, et évoque trois scenarii possibles, des violences de basse intensité au génocide. Si ce dernier scénario devait se produire, les Nations unies ne sont absolument pas préparées à agir, écrit-il.
Avec notre correspondante Ă New York, Marie Bourreau
Le document était strictement confidentiel et devait répondre à la demande du Conseil de sécurité de prévoir un plan de déploiement de troupes au Burundi en cas d’augmentation des violences. Mais le mémo envoyé par Hervé Ladsous aux membres du Conseil de sécurité va plus loin et dresse un constat alarmant : la situation ne cesse de se détériorer, écrit-il, et les mois de novembre et décembre ont vu une hausse significatives des violences et des assassinats.
Cette situation est encore compliquée par l’apparition de groupes armés, tels que les Forces républicaines du Burundi (Forebu) et la Résistance pour un Etat de droit au Burundi (RED-Tabara). Les accrochages entre ces groupes et les forces loyales au président Pierre Nkurunziza ont causé de nombreuses victimes collatérales. Principale conséquence : les donateurs se font de plus en plus rares et le Burundi s’enfonce dans une grave crise économique, dont les civils sont à nouveau les victimes, avec des pénuries de nourriture et de médicaments.
Le chef des opérations de maintien de la paix dresse enfin trois scenarii : des violences sporadiques que l’ONU pourrait contrôler grâce à un dialogue politique et au soutien de l’Union africaine ; une augmentation de la violence et un risque de guerre civile ; et enfin, scénario du pire, un génocide. Dans ces deux derniers cas, l’ONU devrait déployer un contingent de casques bleus. Mais Hervé Ladsous l’admet : sans l’aide des Etats membres, les Nations unies seraient actuellement impuissantes à assurer la protection des civils burundais.
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