Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs terroristes ont attaqué un café et un hôtel du centre de Ouagadougou, faisant 29 morts et une trentaine de blessés. Cette première attaque jihadiste dans la capitale burkinabè a été revendiquée par Aqmi.
Que s’est-il passé à Ouagadougou dans la nuit du 15 au 16 janvier ?
Selon nos informations, au moins quatre hommes armés sont arrivés vers 19h30 sur l’avenue Kwame Nkrumah, une des principales artères du centre de Ouagadougou. Ils ont commencé par tirer sur la terrasse du Cappuccino, un café-restaurant fréquenté par les Burkinabè aisés et les expatriés, avant de pénétrer dans le Splendid hôtel, un établissement chic de plus de 140 chambres situé juste en face, où les étrangers de passage ont l’habitude de descendre.
Rapidement déployées autour de l’hôtel, les forces de sécurité burkinabè, épaulées par des éléments des forces spéciales françaises stationnées dans la région, ont donné l’assaut au milieu de la nuit. « Les terroristes ont réussi à sortir et à se réfugier dans le Cappuccino. Les forces de sécurité en ont profité pour exfiltrer les clients de l’hôtel », raconte une source sécuritaire.
Vers 5 heures du matin, des tirs nourris ont été entendus sur la zone lorsque les forces de l’ordre ont lancé l’assaut contre les terroristes. Trois d’entre eux ont été tués devant le Taxi-Brousse, un bar situé à une trentaine de mètres du Cappuccino, et un quatrième dans un hôtel mitoyen en travaux, l’hôtel Yibi. D’après notre source, il s’agit de deux Arabes et deux Noirs. L’attaque revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)
Cette attaque a été revendiquée, avant même l’assaut final, par la branche médiatique d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a affirmé qu’elle avait été menée par des combattants de sa katiba Al-Mourabitoune, le groupe du terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar récemment revenu dans le giron de la filiale maghrébine d’Al-Qaïda.
Ce premier attentat jihadiste à Ouagadougou survient moins de deux mois après l’attaque contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre dernier, également mené, sur un mode opératoire similaire, par des éléments d’Al-Mourabitoune. Quel est le bilan de l’attentat ?
Un nouveau bilan fait état de 29 personnes tuées et environ 30 blessés. D’après nos informations, la majorité d’entre elles ont été abattues par les terroristes sur la terrasse du Cappuccino. Six Canadiens, deux Français, deux Suisses et un Américain figurent parmi les morts, ont annoncé respectivement les autorités de ces pays.
Simon Compaoré, le ministre de la Sécurité burkinabè, qui s’est rendu sur place samedi matin, a indiqué que « 176 personnes, dont au moins 33 blessées, ont été libérées » par les forces de l’ordre. Parmi les clients de l’hôtel figuraient des ressortissants de 18 nationalités différentes. Le Burkina dans le viseur des jihadistes
Cela faisait plusieurs mois que les autorités burkinabè se savaient sous la menace des groupes jihadistes de la région. Au cours de l’année 2015, plusieurs attaques terroristes inédites ont eu lieu dans le nord et l’est du pays, près de la frontière avec le Mali. Vendredi après-midi, quelques heures avant l’attentat à Ouagadougou, une patrouille de la gendarmerie a été ciblée par une vingtaine d’hommes armés dans la région de Gorom Gorom (nord). Deux gendarmes ont été tués et deux autres blessés. Les enquêteurs ne sont pour l’instant pas en mesure de dire si cette attaque et celle de Ouagadougou sont liées.
« Plusieurs attaques ont été déjouées à Ouaga ces dernières semaines. Des gens qui détenaient des armes à feu et des explosifs ont été arrêtés », affirme une source sécuritaire. Le baptême du feu pour Roch Marc Christian Kaboré
Investi le 29 décembre, le nouveau président Roch Marc Christian Kaboré se retrouve face à une situation extrêmement délicate dès le début de son mandat. Conscient de la menace terroriste qui pesait contre son pays, il avait fait de la sécurisation de son territoire une de ses priorités, comme le montrent son choix de gérer personnellement le ministère de la Défense ou la nomination de son proche collaborateur Simon Compaoré au stratégique poste de ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité.
Le chef de l’État s’est rendu aux premières heures du jour sur les lieux de l’attentat à Ouagadougou, avant de convoquer dans la matinée un Conseil des ministres extraordinaire au palais présidentiel de Kosyam.
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