Quelque 3 000 personnes ont assisté dimanche matin à Khartoum aux funérailles de l'influent leader islamiste soudanais Hassan al-Tourabi décédé la veille à l'âge de 84 ans.
Éminente figure politique passée dans l’opposition après avoir été la tête pensante du régime de Omar el-Béchir, Tourabi a été inhumé à 08H00 locales au cimetière de Bourri, dans l’est de la capitale soudanaise.
Fait rare au Soudan, de nombreuses femmes, membres de son Parti du congrès populaire, ont également assisté aux funérailles où des partisans du charismatique leader portaient des bannières avec des portraits et inscriptions à sa gloire.
Des personnalités politiques, dont le vice-président Bakri Hassan Saleh et plusieurs ministres et responsables gouvernementaux, ainsi que des figures des différents partis politiques soudanais étaient également présents alors que des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises pour l’occasion.
Le président Béchir était lui absent, les médias officiels faisant état de son départ pour Jakarta où se tient lundi un sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).
M. Béchir s’était rendu samedi soir auprès de la famille de Hassan al-Tourabi dans sa résidence à Khartoum pour présenter ses condoléances ainsi que d’autres responsables politiques du gouvernement et de l’opposition.
La radio et la télévision nationales consacraient leurs programmes dimanche à la vie de cet homme charismatique, rendant hommage à l' »intellectuel et savant musulman » qu’il a été.
Fondateur des Frères musulmans soudanais et chantre d’un panarabisme islamiste, Tourabi accompagna, et même inspira selon certains, le coup d’État qui conduisit en 1989 le général Omar al-Béchir à la tête du pays.
Figure de proue de l’islam politique, cet homme charismatique et fin stratège n’a cessé d’étendre son influence et devint président du Parlement et secrétaire général du Congrès national, le parti du président Béchir, avant que leurs relations ne tournent à l’aigre en 1999.
Il fut notamment arrêté en janvier 2009, après avoir été le seul responsable politique soudanais à juger le président Béchir « politiquement coupable » de crimes au Darfour, soutenant ainsi les poursuites engagées par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président soudanais pour crimes de guerres, crimes contre l’humanité et génocide.
Diplômé des facultés de droit de Khartoum, Londres et Paris-La Sorbonne, cet idéologue parlait couramment l’anglais, le français et l’allemand outre l’arabe, ce qui lui donnait un accès facile aux médias étrangers qu’il a plusieurs fois utilisés pour appeler à une révolution islamique internationale.
Il fut proche d’Oussama ben Laden qui a vécu au Soudan de 1992 à 1996.
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