Le coup est de taille et il est signé "Russie" : une frappe aérienne a été menée contre la base aérienne d'al-Watiya en Libye que l'OTAN occupe depuis peu par Ankara interposé et où il détenait les batteries de missiles américaines MIM-23 Hawk, en prévision évidemment des attaques visant les MiG-29S russes chargés de contrer l'avancée de l'axe Turquie-OTAN vers Syrte. Ce premier coup royal qui pourrait aussi avoir impliqué l'Egypte, intervient alors que le chef d'état-major algérien s'était rendu voici peu en Russie pour participer à la fête de la victoire. Ce fut une visite peu commentée mais qui est néanmoins intervenue presque simultanément avec un vaste exercice aérien, terrestre et naval de l'ANP sur ses frontières avec la Libye.
Il faut dire que le déplacement vendredi en Libye du ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, dans le cadre d'une visite inopinée et soldée, selon les médias, par d'importants accords militaires, avait été compris dans le camp d'en face comme un déclic à une bataille visant la prise de Syrte. Le général Akar accompagné du chef d’état-major de l’armée turque s'étaient affichés dans les bases aériennes de Misrata et d’al-Watiya, quelques heures avant qu'une frappe ne pulvérise le système de la DCA.
Mais à al-Watiya, occupée en printemps par l'OTAN, il y a eu aussi très probablement les chasseurs F-16 de l’armée de l’air turque, histoire de faire accompagner les unités de DCA MIM23 Hawk d'une force de frappe offensive. Les images en ont d'ailleurs été diffusées via les réseaux sociaux. Mais depuis dimanche, ces batteries avec quoi, la Turquie cherchait à faire en Libye ce qu'elle a échoué à faire en Syrie, à savoir une zone non-fly propre à abattre l'aviation égyptienne et russe, n'est plus.
Des images qui envahissent la toile montrent l’intérieur de la base et confirment, se référant aux sources proches de l’armée turque, la destruction de ces systèmes de défense antiaérienne ou au moins des dégâts importants. Mais ce n'est pas tout. Chose nouvelle : c’est la première fois que le lieu où sont déployés le personnel et les équipements de l’armée turque sur le territoire libyen a été visé directement par les forces de Haftar ou plutôt par la Russie et l'Egypte qui toute raison garder, bénéficierait d'un certain soutien algérien. Pourquoi? car Il y a là une brèche qui s'ouvre dans le camp atlantiste, dans la mesure où des tentatives pour viser les bateaux de la marine turque, se trouvant sur la côte de Tripoli ou les conseillers militaires turcs, en mission dans la base aérienne de Mitiga, avaient jusqu'ici échoué. L'appui d'une force "locale" se fait sentir dans le succès de cette opération alors que le président Tebboun avait mis en garde quelques heures plutôt contre une "somalisation" de la Libye. Avia.pro, site militaire russe, évoque le tir de 9 missiles, contre les quatre complexes de défense aérienne turcs, tous détruits, tandis que deux chars et l'un des abris ont été détruits, où, selon les données préliminaires, des drones d'attaque turcs auraient été stationnés. Bref, il s'agit d'une contre-offensive majeure, une première qui intervient après des échecs successifs face à l'axe USA/OTAN. Les médias affiliés à l'ANL ont également signalé plusieurs pertes parmi le personnel militaire, dont certains officiers de renseignement turcs qui auraient été intégrés aux forces du GNA. Ce lundi, Ankara a fait sa première déclaration : lL'agence d’information turque Anadolu a cité une "source dans l'armée qui a préféré ne pas être nommée", affirmant que la base "a été bombardée par des avions de guerre non identifiés" tout en promettant une cinglante riposte. La source a souligné que c'était la première fois que la base était bombardée depuis que les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) basées à Tripoli et qui servent de paravent à l'OTAN et aux USA, ont saisi l'installation le 18 mai. Une chose est sûre : la violente frappe contre al-Watiya pourrait retarder le début de la grande bataille à Syrte où sont déployées des unités de Scud-B des pro-Haftar. Ce dernier se fait d'ailleurs de moins en moins parler de lui, retenu qu'il serait selon des sources en Egypte. L'axe Russie/Egypte vient-il de recevoir un appui militaire de poids d'Alger?
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