Algérie : “L’Algérie est incontournable pour la France...”
le 15/07/2020 09:46:26
Algérie

Image redimensionnée
Parasitées épisodiquement par la polémique sur le contentieux mémoriel, les relations algéro-françaises, souvent passionnées, connaissent depuis quelques jours une nouvelle dynamique.

Entre Alger et Paris, on semble déterminé à poursuivre le travail commun sur les questions mémorielles, comme en témoignent les récents échanges téléphoniques entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Mais aussi par la décision des deux dirigeants de nommer deux personnalités, l’historien Benjamin Stora, et une personnalité algérienne dont la nomination interviendrait dans les prochains jours, et qui auront la charge de chapeauter le travail sur ces questions.

“L’Algérie est incontournable pour la France, et la France l’est pour l’Algérie. Il faut affronter ces évènements douloureux pour repartir sur des relations profitables aux deux pays, notamment au niveau économique. La mémoire ne peut être estompée et nous ne pouvons pas en faire ce que nous voulons. La remise récente des restes mortuaires de combattants qui se sont opposés, il y a un siècle et demi, à l’installation de l’armée coloniale constitue un grand pas”, a déclaré le président Tebboune au journal L’Opinion. Estimant que d’autres “crimes méritent d’être racontés”, Abdelmadjid Tebboune soutient qu’une fois ces problèmes de mémoire dépassés, “nous pourrons avancer avec beaucoup de sérénité”. Contrairement à certains autres pays qui ont subi les affres du colonialisme, Alger n’attend rien de plus de la part de Paris que sa reconnaissance des faits commis durant la colonisation.

Si le mérite revient assurément au président Macron qui n’a pas vécu ce passé, contrairement aux anciens chefs d’Etat, il reste que le chemin vers la réconciliation est semé d’embûches, comme le suggère en demi-mot, le chef de l’Etat algérien. “Il est plus que tortueux. Et le président Macron doit lutter contre le parasitage de lobbies minoritaires mais très dangereux qui essaient de saper son travail, notamment des personnes revanchardes connues pour leur anti-algérianité. Ils pensent toujours que l’Algérie a été bradée et n’a pas été libérée, que le général de Gaulle est un traître. Il existe aussi un conglomérat hétéroclite qui pense que l’Algérie ne doit pas émerger et doit être tenue sous haute surveillance, en la maintenant dans une certaine faiblesse pour l’empêcher d’influer sur son environnement. C’est contre nature. L’Algérie a toujours influencé les événements au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Personne ne peut arrêter le cours de l’histoire. L’Algérie est en train de se développer, de retrouver sa puissance diplomatique. Elle a l’obligation et le devoir de jouer ce rôle-là”, observe Tebboune.

“L’Algérie a souffert de la maladie de Bouteflika”
Dans le même contexte des relations internationales, Abdelmadjid Tebboune estime que l’Algérie, dont l’action a connu un recul ces dernières années, doit retrouver sa place et son influence naturelles, non sans concéder que “l’Algérie a souffert de la maladie de l’ex-président”. “Et surtout du gaspillage des gangs qui l’entouraient”, précise-t-il, allusion à l’entourage du président déchu dont l’essentiel des figures se retrouve aujourd’hui en prison. Evoquant la nature des relations qu’Alger entretient avec certaines capitales, comme Pékin, Washington ou encore Moscou, Abdelmadjid Tebboune ne manque pas de détailler la vision dogmatique de l’Algérie sur la résolution des conflits régionaux dont celui de la Libye où il affirmé qu’Alger, Tunis et Le Caire sont les mieux placés pour le règlement de ce conflit.

Quant aux relations avec Rabat, empoisonnées par le conflit sahraoui, Abdelmadjid Tebboune estime que les projets de construction par le royaume de bases militaires près de la frontière algérienne doivent cesser.

Format imprimable Envoyer cet article ŕ un ami Créer un fichier PDF ŕ partir de cet article
Les commentaires appartiennent Ă  leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.