Burkina Faso : Manifestation à Koudougou - La ville livrée à une frénésie incendiaire
le 19/04/2011 17:18:09
Burkina Faso

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allafrica
Hier lundi 18 avril, une frénésie incendiaire s'est emparée des jeunes à Koudougou. Une marche des élèves et des étudiants a dégénéré en actes de vandalisme et en incendies de domiciles et de biens privés. Le siège du CDP a également été incendié.


Lundi 18 avril 2011. Grève suivie de marche de protestation de la coordination des élèves et étudiants du Burkina (CEEB), section du Boulkiemdé. Point de chute : haut-commissariat du Boulkiemdé. Il est 9h passées de quelques minutes.

Le portail et les portes des bureaux sont clos. Cela a été perçu comme un affront et eut pour conséquence de susciter l'énervement dans les rangs des manifestants. Impossible pour les délégués de la coordination de remettre leur déclaration aux autorités.

La tension monte malgré les efforts des délégués pour ramener le calme. Le porte-parole de la coordination, Francis Nikièma, invite les manifestants à rompre les rangs et à regagner leurs bases. Il n'est pas écouté. Un groupe hétéroclite se détache et, à pas de course, emprunte la Nationale 14, destination : Le siège du CDP qui fut saccagé et incendié.

Idem pour le domicile du Premier ministre, Tertius Zongo, situé à un kilomètre de là, au secteur n°5. Le feu y a tout ravagé. Comme mu par un guide invisible, le groupe qui s'est considérablement grossi, devenant une marée humaine s'étendant sur des centaines de mètres, s'est ébranlé vers le domicile du proviseur du lycée provincial, qui a été mis en flammes.

Toujours courant et hurlant des injures et des slogans, la horde s'est déportée au domicile du commissaire régional du CDP, Jean Hubert Yaméogo, situé à Palogo, à plus de 5 km de la ville. La résidence a été littéralement pillée avant de connaître les affres du feu.

Rien n'a été épargné. Mais les choses auraient pu se dérouler autrement, puisque les vieux avaient plus ou moins réussi à dissuader les jeunes à vandaliser les lieux. Cela, jusqu'au moment où deux véhicules 4x4 remplis de CRS ont fait irruption.

A leur vue, la colère a regagné les esprits et les croquants ont estimé que s'ils ne "travaillent pas", on dira que les forces de l'ordre ont eu le dessus sur eux. Devant l'impressionnante foule, les CRS ont rebroussé chemin, sans avoir tiré, livrant la résidence aux frondeurs.

Prochaine étape, l'alimentation "Mille désirs", appartenant à Halidou Ouédraogo, opérateur économique, impliqué dans l'assassinat de l'étudiant Inoussa Kazienga. Il est présentement incarcéré à la Maison d'arrêt et de correction de Koudougou.

Les manifestants, pour ne pas dire les pilleurs, plus d'une heure durant, ont mis à sac ladite alimentation, emporté ce qui avait de la valeur et brûlé sur la voie les objets qu'ils ne voulaient pas, avant de saccager et d'incendier le bâtiment. Son domicile, sis au secteur 10, a également été incendié.

Au moment où nous tracions ces lignes, un calme précaire régnait dans la ville. Les mains chargées de marchandises, beaucoup de jeunes ont préféré rejoindre leurs domiciles. Mais d'autres, toujours en groupe, ont poursuivi le mouvement. On ne sait pas s'il y aura une escalade.

Koudougou présentait un visage de ville morte. Le grand marché, les commerces et certains services sont restés fermés, ainsi que les établissements d'enseignement primaire, secondaire et l'université. On se demande toujours ce qui a bien pu motiver une telle poussée de violence à Koudougou.

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