Tchad : Le Tchad rend hommages à Wadal Abdelkader Kamougué
le 14/05/2011 17:35:10
Tchad

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Xinhua
N'DJAMENA, 13 mai (Xinhua) -- Sur l'ancienne place de l'indépendance et dans la cathédrale Notre-Dame de N'Djaména, des milliers de Tchadiens se sont rassemblés vendredi pleurer l'ancien vice-président de la République, Wadal Abdelkader Kamougué, décédé lundi dernier de suite d'un accident cardiaque.

Le président réélu Idriss Déby Itno, qui élève désormais son ancien opposant dans l'ordre national du Tchad à titre posthume, au grade de Grand officier, n'a fait aucune déclaration lors de ces hommages.

C'est le ministre de la Sécurité publique, qui, au nom du gouvenrment, a lu l'oraison funèbre. "Notre compatriote et frère d'armes à qui nous rendons aujourd'hui un dernier hommage est un homme d'Etat certes, mais un grand serviteur de la Nation et du Peuple tchadiens et ce, au regard de ses parcours professionnels militaires et son parcours politique", dit Oumar Kadjalami Boukar, assurant l'intérim de son collègue en charge de la Défense nationale.

Moins de deux heures après, la dépouille du général Kamougué est portée dans la cathédrale Notre-Dame qui fait aussi face au palais présidentiel. Et les témoignages se succèdent.

"Avec la disparition de Kamougué, le Tchad perd un grand homme d'Etat et un officier de valeur et de carrière exceptionnelle. Moi je perds un frère, un ami et un compagnon", assure l'ancien président de la République, Goukouni Weddeye. Les deux hommes avaient co-présidé le gouvernement d'union nationale de transition (Gunt), entre août 1978 et mai 1982.

"Kamougué était téméraire, il avait un style assez abrupt, direct. Quand il avait quelque chose à dire, il le disait de façon très nette. Il va beaucoup manquer à la classe politique tchadienne", regrette Salibou Garbou, opposant et ancien ministre.

"Après la parenthèse gouvernementale, ajoute-t-il, il est redevenu un pilier de la Cpdc (Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution, regroupement de l'opposition, Ndlr). Son absence et son style vont beaucoup nous gêner dans la restructuration de l'opposition. Ça va être difficile de s'adapter, de se rééquilibrer sans Kamougué".

Né le 20 mai 1939 à Bitam, au Gabon, Vidal Kamougué Georges a eu une "enfance de nomade". Suite aux formations militaires au Congo-Brazzaville et en Centrafrique, il est affecté successivement à Pointe-Noire puis à Abéché comme instructeur. Après un stage de formation à Saint-Cyr, il en sort avec le grade de sous-lieutenant.

Il entre ensuite à l'École d'Administration Militaire de Montpellier, à l'École des officiers de gendarmerie de Melun et l'Institut de Criminologie de la Faculté de droit et des sciences économiques de Paris.

Rentré au pays, il est affecté comme commandant de compagnie de gendarmerie à Abéché. En 1968, il est affecté à Moundou puis rappelé à l'état-major à N'Djaména pour diriger le Bureau des opérations, poste qu'il occupe jusqu'au coup d'État du 13 avril 1975 dont il est le principal artisan.

Considéré comme un libérateur par la population, Kamougué, homme fort du Conseil supérieur militaire (Csm), joue un rôle politique de premier plan après la chute de Tombalbaye. C'est pendant la révolution culturelle menée sous la première République que Vidal Kamougué Georges devient Wadal Abdelkader Kamougué. Ses proches l'appellent toujours affectueusement "Vidal".

Ministre des Affaires étrangères entre 1975 et 1979, Kamougué devient vice-président du gouvernement d'union nationale de transition (Gunt), quand Goukouni Oueddei prend le pouvoir le 10 novembre 1979. Le "lion du Sud" (surnom qu'il a gagné pendant la guerre civile) garde cette position jusqu'au renversement du Gunt par Hissène Habré, le 7 juin 1982.

Au deuxième tour de l'élection présidentielle du 11 juillet 1996, Kamougué obtient 30,9 % des voix, contre 69,1 % pour Idriss Déby. En 2005, il est élu président de l'Assemblée nationale, bien que son parti (Union pour le renouveau et la démocratie, Urd) n'y soit pas majoritaire.

En avril 2008, lorsque le président Déby Itno (en difficulté face à une rébellion qui a failli le débarquer du Palais rose en février 2008) lui propose de prendre le commandement de la Défense nationale, l'ancien de Saint-Cyr accepte.

Il tente, non sans peine, à réorganiser l'armée et à lui redorer un blason terni par un népotisme outrageant et par des exactions récurrentes sur les populations civiles. A la veille du cinquantenaire du pays, Déby le nomme "ministre conseiller à la présidence de la République".

Avec Yorongar et Kebzabo, Kamougué refuse de participer à la dernière élection présidentielle, jugeant que les conditions de transparence ne sont pas réunies.

Après les honneurs nationaux, la dépouille de l'ancien vice- président est rendue à sa famille biologique et politique. Elle est transposée dans l'après-midi à Sarh, la ville du Sud dont il était député pendant quatorze ans. Avant d'être transportée et inhumée à Moïssala, sa terre natale, le 15 mai.

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