Le président sénégalais avait accepté, en 2007, de juger l'ex-dictateur tchadien Hissène Habré, réfugié à Dakar. Aujourd'hui, ce procès se transforme en boulet économique et politique et lui paraît trop lourd à porter.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade a déclaré vouloir "se débarrasser" d'Hissène Habré et va demander à l'Union africaine (UA) de reprendre le dossier du procès de l'ancien dictateur tchadien, que le Sénégal avait accepté d'organiser à Dakar, dans un entretien diffusé vendredi 10 décembre.
"Je vous le dis très clairement, je veux m'en débarrasser", a déclaré Abdoulaye Wade dans cet entretien réalisé à Dakar par la chaîne de télévision France 24 et Radio France Internationale (RFI).
En 2006, l'UA avait demandé au Sénégal - où Hissène Habré vit en exil - de le juger "au nom de l'Afrique" pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et torture, ce que le président sénégalais avait accepté.
Cependant, aucune information judiciaire n'a encore été ouverte, suscitant la colère des associations de victimes.
"Que l'UA reprenne son dossier"
"Franchement, je regrette d'avoir accepté. Parce que je n'ai pas obtenu le minimum de soutien que je cherchais. Actuellement, je veux que l'Union africaine reprenne son dossier", affirme M. Wade, précisant qu'il en fera l'annonce officielle lors d'un sommet de l'UA en janvier.
La Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) avait affirmé le 19 novembre que le Sénégal seul ne pouvait juger Habré pour crimes contre l'humanité et avait préconisé la création d'un tribunal spécial.
Puis, le 24 novembre, de nombreux bailleurs de fonds (Union européenne, UA, Tchad, Belgique, Pays-Bas, etc..) s'étaient engagés à apporter 8,5 millions d'euros pour les frais d'organisation du procès à Dakar, alors que le Sénégal exigeait au départ 27 millions d'euros.
Extradition
Interrogé sur le sort d'Hissène Habré, le président sénégalais a dit vouloir le renvoyer "quelque part" et "n'exclut pas" la Belgique, qui souhaite le juger après une plainte de survivants de son régime, ou bien le Tchad. "Je peux très bien le renvoyer chez lui. C'est un Tchadien", a-t-il noté.
"Ce n'est pas possible qu'un grand continent comme l'Afrique n'arrive pas Ă trouver un pays pour juger un Africain", explique Abdoulaye Wade, avant d'ajouter : "Mais Ă la limite, pourquoi pas ? Les gens sauront que j'ai tout fait pour l'Ă©viter".
Hissène Habré, 68 ans, avait été renversé en 1990 par l'actuel président tchadien, Idriss Deby Itno. Il est accusé de milliers d'assassinats politiques et de torture systématique durant ses années de pouvoir, entre 1982 et 1990. Il vit, depuis, à Dakar.
jeuneafrique.com
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